Culture / Un passionnant récit qui parle des langues
«Terres de feu», Michael Hugentobler, Editions Hélice Hélas, 256 pages.
Ferdinand Hestermann (1878-1959) était linguiste, ethnologue, il maîtrisait, paraît-il, 108 langues vivantes et mortes. Thomas Bridges (1842-1898) était aussi linguiste mais également missionnaire anglican en Terre de Feu. Ces deux personnages ont inspiré en 2021 Terres de feu du journaliste et auteur alémanique Michael Hugentobler, un livre aujourd’hui traduit en français. Un livre passionnant qui raconte l’histoire du dictionnaire Yamana-Anglais. Les Yamanas sont des Amérindiens habitants la Terre de Feu, un peuple dont la colonisation occidentale a bouleversé l’existence, les coutumes, la langue. Le dictionnaire de Bridges a été sauvé des Nazis par Hestermann, c’est une partie de l’histoire. Comment Bridges l’a réalisé en est une autre. Au-delà des faits, des biographies des deux hommes, Terres de feu est une réflexion sur les langues, ce qu’elles représentent, ce qu’il se passe lorsqu’on les fait disparaître et ce qu’il advient alors des peuples qui les parlent. «Comme toujours, il commença par le caractère éphémère de chaque idiome. Il y avait de cela deux milles ans, expliqua-t-il, personne encore ne parlait l’allemand, l’anglais ou le français, et dans mille ans, à coup sûr, personne non plus ne le ferait. Les langues étaient semblables aux religions: elles flottaient dans l’Histoire telles des nappes de brume, puis elle se volatilisaient, et quelque chose de neuf apparaissaient à leur place. (…) Et puis la langue n’était pas notre première grande conquête, mais la deuxième tout au plus, car nos ancêtres avaient d’abord joué de la musique et, ensuite seulement, s’étaient mis à parler.»
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