Culture / Quatre supplices pour un exutoire
«Volodia», André Ourednik, Editions La Baconnière, 120 pages.
«Qui n’a jamais souhaité malheur à un individu détestable?» La question est posée en quatrième de couverture de cet excellent petit livre qui décrit quatre manières, toutes plus cruelles et atroces les unes que les autres, de mettre à mort Volodia, «un dictateur paranoïaque imbu de lui-même qui envahit le pays voisin au nom d’une obscure idée de grandeur géo-historique.» Volodia, c’est Poutine, André Ourednik, l’auteur, ne s’en cache pas. Né à Prague en 1978, dix ans après que les Russes ont brutalement mis fin aux aspirations démocratiques des Tchécoslovaques, l’invasion de l’Ukraine a fait monter en lui une sourde colère. Les supplices de Volodia sont décrits avec un talent littéraire indéniable, avec une certaine poésie parfois, précisément, effroyablement, humoristiquement. André Ourednik en profite pour moquer d’autres chefs d’Etat, notamment Joe Biden, car il n’est pas manichéen. A celles et ceux qui trouveraient ce livre de mauvais goût, il propose cette citation d’Emil Cioran: «Si, par le caprice d’une puissance maléfique, nous perdions l’usage de la parole, plus personne ne serait en sécurité. Le besoin de meurtre, inscrit dans notre sang, nous avons réussi à le faire passer dans nos pensées; cette acrobatie seule explique la possibilité, et la permanence, de la société.»
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