Culture / Pour l’humanité, contre la bien-pensance
«Le Grand Zack», Guy Mettan, Editions des Syrtes, 93 pages.
Le nouveau livre du journaliste Guy Mettan, Le Grand Zack, est aussi court que corrosif. Il s’agit d’un réquisitoire contre la bien-pensance et l’hypocrisie qui infuse nos sociétés occidentales. La première partie est construite sous forme de dialogue entre deux «humanitaires». Le premier, Abe, est employé dans une grande ONG de la place helvétique. Le second, Sapienza, a fondé une organisation promouvant l’école pour tous en Afrique. A travers leur échange, ils déconstruisent le «pathos dégoulinant de bons sentiments» qui gangrène la vision du monde véhiculée par les gouvernements, les ONG et les médias occidentaux. Au fond, rien n’a changé depuis le XIXème siècle, si ce n’est le vernis de respectabilité derrière lequel se dissimule désormais la violence et le néo-colonialisme. D’Oswald Spengler à René Guénon, nombreux sont les intellectuels à avoir décrit le déclin de la civilisation occidentale. Aujourd’hui, celle-ci est en déliquescence partout, malgré les narratifs nombreux mis en place pour le cacher.
La deuxième partie de l’ouvrage fait ouvertement référence à la fable du Grand Inquisiteur de Dostoïevski. Le catholicisme et les jésuites sont simplement remplacés par la religion techno-scientifique, propagées par les nouveaux évangélisateurs de la Silicon Valley. Le Grand Zack est leur représentant, sorte de pape des réseaux sociaux, synthèse de Steve Jobs et de Mark Zuckerberg. En gourou du progrès technique, il a rendu «le miracle permanent» et a «remplacé le mystère et l’autorité, ces vieilles balivernes auxquelles plus personne ne croit, par des principes de gouvernance des âmes beaucoup plus efficaces», qu’il a appelés «la sidération et la promesse». Le principe: enchaîner les Hommes grâce à une «servitude confortable». Face à lui, une figure rebelle, qui pourrait être Julian Assange ou Snowden. Son but: dénoncer le mensonge et les manipulations du monde numérique. Ramener les êtres humains au monde «tangible» et à eux-mêmes. Sa vision du monde est celle d’un humanisme rejetant tout forme d’aliénation. Elle rappelle le trait de génie de Romain Gary, pour qui la vie est «une grande course de relai, où chacun de nous avant de tomber doit porter plus loin de défi d’être un homme».
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