Culture / Le tohu-bohu médiatique et la nation
«Réflexes primitifs», Peter Sloterdijk, Editions Payot & Rivages, 192 pages.
Qui veut nourrir ses méninges affolées par le paysage médiatique, entre discours dominants et coups de gueule dispersés dans les réseaux sociaux, trouvera plaisir à lire le grand philosophe Peter Sloterdijk. Dans son petit livre (format poche) Réflexes primitifs, il explore ce monde avec son infatigable curiosité et son immense culture. Des perles de réflexions par dizaines. L’une d’elles porte sur «la société contemporaine». Faite de quoi? Elle est modelée par «des excitations synchrones», par delà les frontières, malaxées par des mass media utilisant la langue nationale. «On peut dès lors poser que l’école de la nation n’est pas l’armée, mais le journalisme. Le produit artificiel qu’est la nation n’a pas besoin de guerre chaque jour, mais chaque jour de la sensation et de l’inquiétude produites par des signaux de stress, ainsi que de leurs contre-poisons: la distraction et le divertissement.» On lui rétorquera qu’il reste encore de nombreux journalistes obstinés à s’écarter des flux dominants, à raconter ce qu’ils observent près ou loin de chez eux, à réfléchir un peu pour entamer si possible le dialogue avec leur public.
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