Culture

Entre la fiction et la réalité, Pierre Assouline s’est penché sur un poème qui l’a autant marqué que forgé. Lui l’écrivain, lui le père, lui le fils. Il se glisse dans la peau de son narrateur, un jeune professeur de littérature, Louis Lambert, qui rencontre le grand écrivain Rudyard Kipling. L’auteur plus connu pour son Livre de la Jungle est aussi le poète qui a marqué les générations à travers son fameux poème «If…». Lambert prétexte auprès de Kipling un ferme désir de retraduire «If…» en français; la traduction officielle d’André Maurois n’étant pas très fidèle… Tu seras un homme, mon fils, c’est donc le récit d’une rencontre littéraire, mais plus encore un récit à caractère biographique, qui plonge le lecteur dans la famille de Kipling. Lui qui a écrit une des plus belles odes à la filiation s’est pourtant rendu responsable de la mort de son fils en l’envoyant au front. Etre parent n’est pas chose aisée, être le fils d’un grand homme l’est d’autant moins. Jusqu’où les parents sont-ils vraiment responsables des décisions qu’ils prennent pour leurs enfants? Jusqu’où les enfants sont-ils en mesure de s’affranchir de leur filiation? Voilà quelques questions qui nous accompagnent tout au long de ce petit bijou émouvant et fin d’Assouline.

« Si tu peux t’adresser aux foules et garder ton intégrité, 

Ou accompagner les rois – en sachant rester simple

Si les offenses de tes amis comme celles de tes ennemis ne peuvent t’atteindre, 

Si chacun compte pour toi, mais aucun ne compte trop ; 

Si tu peux remplir la minute inexorable, 

De soixante secondes de chemin parcouru.

A toi la Terre appartient et tout ce qu’elle contient, 

Et – mieux encore – tu seras un Homme, mon fils!»