Culture

Gaël Faye a sans conteste été la vedette de la quinzième édition du Livre sur les quais de Morges, pour s’en convaincre il suffisait de voir les interminables files de lecteurs et de lectrices désireux d’obtenir une dédicace de l’auteur franco-rwandais. Il était à Morges pour présenter son dernier livre, Jacaranda, mais c’est de l’adaptation en bande dessinée de son premier roman, Petit pays, dont il est question ici. Une adaptation parue ce printemps et qui est tout à fait réussie. On y retrouve les personnages du livre, des enfants vivant dans une impasse, à Bujumbura, au Burundi. Gaby, le héros du récit, et sa sœur Ana, sont franco-rwandais; leur mère a fui des massacres de Tutsis au Rwanda, ceci déjà bien avant le génocide de 1994 qui va bientôt débuter. Une des grandes réussites du roman, et donc de la bande dessinée, est de donner à voir ces événements à travers les yeux d’enfants. Non pas qu’ils soient innocents mais ils voient et vivent les choses d’une autre manière que les adultes, et ça ouvre l'esprit. Au-delà des rappels historiques et géographiques, au-delà du récit impressionnant de Gaël Faye, il y a ce constat: lorsque nous sommes enfants, nous avons toutes et tous un autre devenir possible – des autres devenirs. Cela ne veut pas dire que ces devenirs sont «meilleurs» que celui auquel nous allons abandonner notre liberté et notre intelligence, mais qu’ils ont existé, et qu’il est toujours possible, n’importe quand, d’en retrouver le chemin. Nous ne sommes pas condamnés à être ce que nous sommes, moi je trouve ça rassurant.

Gaël Faye est également auteur-compositeur-interprète. Voilà sa chanson Petit Pays