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Culture / La vie comme un film d’horreur


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«Blood of the Virgin», Samy Harkham, Editions Cornelius, 304 pages.



Voilà une formidable BD. Sammy Harkham est un auteur et un éditeur américain dont le talent est reconnu dans le milieu, sa maîtrise est impressionnante. Il sait mener un long récit, cela ne fait aucun doute. Tout au long des trois cents pages de Blood of the Virgin, les variations de rythme tiennent le lecteur captif de l’histoire de Seymour, juif d’origine irakienne vivant à Los Angeles dans les années 1970, où il est monteur dans une boîte de production spécialisée dans les films d’horreur. Dans le privé, Seymour éprouve quelques difficultés dans son rôle de jeune papa, et avec son épouse, ce n’est pas la joie. Il aimerait faire son propre film, bien sûr, et l’occasion va lui en être donnée. Non seulement son scénario de film de loup-garou va être tourné mais en plus il en deviendra le réalisateur lorsque celui qui avait été engagé est viré. Tout devrait très bien aller sauf que rien n’est simple, surtout pas les rapports de pouvoir dans l’industrie du cinéma, même de série B. Tout au long de la BD, les lieux et les époques s’entremêlent: on passe des années 1970 aux années 1910 des débuts du cinéma hollywoodien, en faisant un crochet par Budapest en 1942. Le tournage du film de Seymour est difficile, sa vie privée encore plus. Certaines pages alignent les cases avec beaucoup de texte, d’autres donnent à voir des paysages périurbains de nuit, la plupart du temps dans un noir et blanc subtilement rehaussé de gris-beige. Oui, Sammy Harkham sait mener un récit, sans effet de manche: Blood of the Virgin est d’une belle fluidité malgré ses nombreux méandres. C’est un hommage à tous les raconteurs d’histoires, surtout les plus modestes.

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