Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / La dénazification, une histoire sans fin

Marie Céhère

21 avril 2023

PARTAGER

«La dénazification impossible», Mickaël Gamrasni, sur arte.tv jusqu’au 15 mai 2023, 52 minutes.



11 millions de soldats, 600’000 SS, 8 millions de membres du parti nazi, 12 millions de personnes chassées des territoires occupés par le Troisième Reich... Après la fin de la Seconde guerre mondiale, dans l’Allemagne en ruines, le défi de la dénazification donne le vertige aux Alliés qui occupent le pays et la capitale. Comment distinguer les criminels des collaborateurs passifs, de ceux qui n’ont dit mot et consenti, qui ont fermé les yeux, par adhésion ou par lâcheté... après plus d’une décennie d’intoxication à la haine et à l’impérialisme. La dénazification devient l’un des terrains d’affrontement entre l’Est et l’Ouest. A l’Est, 30% d’anciens nazis prennent la carte du Parti communiste et se fondent dans la masse. La propagande fait de la RDA un Etat antinazi, qui accuse l’Ouest, la RFA, d’être le refuge des criminels... Pas toujours à tort. A l’Ouest, on tente de convertir un peuple à la démocratie libérale, tout en ne se privant pas des talents scientifiques et industriels qui avaient prêté la main à la machine de mort. L’amnésie est tentante, la repentance pas souvent sincère, et on voit à quel point les combats de Beate et Serge Klarsfled, de Simon Wiesenthal, furent déterminants pour que ne s’efface pas confortablement la mémoire des crimes et des victimes. Ce documentaire évite la vision en noir et blanc et rappelle que la mémoire est un sport de combat. On comprend aussi combien l’accusation de nazisme a été, depuis les années 50, l’accusation pavlovienne faite à l’Occident par l’URSS. Cela nous rappellera quelque chose. 

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

0 Commentaire