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Culture

Culture / Myop: l’envers de la campagne

Stéphane Venanzi

23 juillet 2017

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Les photographes de l’agence Myop on fait un pas de côté pour montrer ce que l’on ne voit pas dans les grands médias lors d’une campagne électorale, en l’occurrence celle de la dernière présidentielle française. A découvrir à Nyon, à la galerie Focale, jusqu’au 13 août.



La vingtaine de photographes qui compose l'agence française Myop s'est intéressée à la dernière campagne pour l’élection présidentielle française, mais d'une manière quelque peu singulière.

Il en résulte plusieurs centaines de clichés, un livre, Politique paillettes, paru chez Robert Laffont, et enfin, à la galerie Focale de Nyon, une exposition, à l'énoncé raccourci: «Paillettes».

Davantage peut-être qu'une exposition, on pourrait parler d'installation. En raison notamment de cet agencement de clichés qui se superposent, s'imbriquent les uns dans les autres. L'ensemble crée un kaléidoscope de couleurs et de visages étourdissant, qui restitue assez bien l'agitation vaine de cette campagne électorale. Sorte de grande kermesse, pour ne pas dire foire d'empoigne, où tout discours critique a été sciemment gommé au profit d'une communication de type publicitaire. D'où, bien évidemment, l'importance de l'image, tout autant que de la manière de savoir en exploiter au mieux la force évocatrice.

Mais l'image, fort heureusement, est souvent une arme à double tranchant. Ainsi, pour dénoncer cette absence de substance, les photographes de l'agence Myop n'ont eu, à la vérité, que l'embarras du choix. Et d'ailleurs, ils recourent volontiers à divers procédés pour arriver à leurs fins.

Politique et show-business

Il y a, par exemple, celui qui se concentre sur l'envers du décor, cherchant peut-être à rappeler de la sorte la vanité de nos actes face à la pérennité de la nature, en cadrant cette magnifique haie luxurieusement fleurie, de laquelle ne dépasse qu'une suite incongrue de drapeaux tricolores, dont on ne sait finalement rien et qui ne nous intéresse pas davantage.

Il y a, de même, celui qui, malicieusement, fige l'installation pas encore complétée d'une gigantesque tribune. Un cliché en apparence anodin mais qui, en cette période de mastodontiques festivals estivaux un peu partout en Europe, souligne l'analogie entre l'actuel cirque politique et le show-business.

A l'inverse, loin de cette démesure oppressante, on peut aussi surprendre: immortalisée après le tumulte de la foule en communion avec celui qu'elle imagine être son sauveur, la solitude dudit héraut, presque étranger à lui-même, en attente derrière la vitre perlée de pluie de sa voiture de fonction...

Une exposition qui se révèle, par conséquent, assez peu flatteuse, que ce soit pour l'œil de l'observateur, constamment violenté par la laideur ou la vacuité du spectacle, que pour les personnes portraiturées, qu'il s'agisse de ces hordes de fervents anonymes ou de leurs prétendus champions, mais qui ravira indubitablement ceux que la farce électorale ne laisse plus dupes.


Galerie FocalePaillettes, par les photographes de l’agence Myop, jusqu’au 13 août 2017, Place du Château 4, 1260 Nyon, 022 361 09 66

Politique et paillettes, Ed. Robert Laffont  

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