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Culture / L’enfant terrible du christianisme?


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«Paul de Tarse», Daniel Marguerat, Editions Seuil, 560 pages.



Homophobe, antiféministe, antisémite, autoritaire, colérique… La réputation de Paul de Tarse, un des apôtres de la Bible chrétienne, n’est pas celle d’un libéral ni d’un progressiste. C’est donc à une sorte de réhabilitation que se livre Daniel Marguerat, historien et bibliste, un temps pasteur dans le canton de Vaud. Ses nombreuses recherches lui permettent de présenter tout à la fois, les faisant ainsi se croiser, la vie et la pensée de l’apôtre. Une vie aventureuse qui le vit parcourir des milliers de kilomètres à pied, de Jérusalem à Rome, pour créer un réseau de communautés chrétiennes. Quant à sa pensée, elle fut la première théorisation du christianisme, sa première conceptualisation. Si la remise dans le contexte historique des citations polémiques de Paul de Tarse concernant les femmes, les juifs et les homosexuels n’enlève pas grand-chose à leur sévérité, il est intéressant de se pencher sur la dialectique paulinienne. «Tout est permis mais tout n’est pas utile», écrit par exemple l’apôtre, ou encore: «Libéré du péché, vous êtes devenu esclave de la loi». Une dialectique bien maîtrisée par les protestants et, aujourd’hui, par les tenants de l’économie libérale. Ce livre, on le lira différemment si l’on croit au Dieu de la Bible ou pas. Il s’y trouve en tout cas de passionnants paradoxes entre une croyance figée et des réflexions philosophiques, voire existentialistes: «Car ce qui est "bon, agréable à Dieu, parfait" n’est jamais fixé une fois pour toutes, mais à découvrir dans chaque nouvelle situation. Chaque chrétien devient le sujet de ses choix, l’inventeur de sa fidélité, l’innovateur de sa loyauté au Christ.»

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