Culture / L’amour de la blague
«L’amour» numéro 4, Les Cahiers Dessinés, 168 pages.
«Dans toute blague, il y a une part de blague.» Ce jeu de mot, traduit du russe, est le fil conducteur de cette quatrième édition de la revue L’amour. Dans son éditorial, Julie Bouvard, la russophone rédactrice en chef, expose la différence entre les blagues juives, russes et françaises. Alors que les premières «possèdent une dimension éminemment existentielle», les blagues françaises viseraient souvent une catégorie (les femmes, les homos, les curés, etc.) dont le blagueur s’exclut. Voilà qui entraine des réflexions non seulement sur l’humour mais également sur l’art et la politique, sur la déliquescente culture française. Sinon, ce numéro contient beaucoup de dessins de Noyau, et c’est un plaisir. D’édition en édition, L’amour déploie une grande richesse artistique et littéraire. Dans ce numéro 4, signalons plus particulièrement les peintures d’Emil Gut, celles de Pannonica de Koenigswarter, les dessins de Mayen ou encore ceux de Chago. Delfeil de Ton, lui, évoque le roman Mon ami Pierrot, de Raymond Queneau, illustré par Chaval. Pascale Bouhénic livre la suite de son récit si extra, Mrs Smith part à l’Ouest. Dans Comme l’espérance est violente, Frédéric Pajak, le directeur de L’amour, analyse l’état de la guerre sociale en France: «Dans cette guerre de tous les instants, il faut empêcher tout mouvement incontrôlable, tout pas de côté, toute velléité d’une société réinventée. Ce qui caractérise notre époque, c’est que l’espoir d’un futur a cessé d’être. Quels que soient les mouvements sociaux, aucun monde possible n’est revendiqué, ni seulement envisagé. Tout au plus souhaite-t-on une augmentation de salaire, une baisse de quelques taxes, un pouvoir d’achat revu à la hausse.»
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