Culture / Interrogation scientifique et philosophique sur notre rapport à la nature
«Faire revivre des espèces disparues?», Lionel Cavin et Nadir Alvarez, Editions Favre, 200 pages.
Les deux auteurs sont biologistes, Nadir Alvarez est même le futur (1er août) directeur du Musée cantonal des sciences naturelles de Lausanne, ce n’est pas Jurassic Park, c’est du sérieux. Ils commencent par nous expliquer que depuis des millénaires les humains bricolent les gènes des plantes et des animaux grâce à la sélection artificielle, que la domestication a permis de façonner des espèces à notre convenance. «Aujourd’hui, la découverte des techniques d’édition génétiques par le procédé CRISP-Cas9 permet littéralement la transformation d’une espèce actuelle en une espèce évolutivement proche mais disparue.» A partir de là se posent beaucoup de questions, des constats peuvent être énoncés. A l’évidence, des espèces s’éteignent, ce n’est pas nouveau, la première cause étant qu’elles se transforment en évoluant. Aujourd’hui, expliquent les auteurs, la crise environnementale est comparable à une extinction de masse, sauf que «pour la première fois, c’est l’une des espèces portées par la Terre qui est responsable de la disparition de tant d’autres, Homo Sapiens». Bien sûr, cela ne va pas plaire à celles et ceux qui pensent que l’activité humaine n’a pas d’influence sur l’environnement… Vous l’aurez compris, ce passionnant ouvrage aborde notamment notre relation à la nature, qui n’est pas simple, et loin d’être «naturelle». La biologiste Beth Shapiro est citée: «Chaque génération pense que sa version du monde est la version authentique du monde.» Là, ce n’est plus de la science mais de la philosophie, et ce n’est pas moins intéressant.
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