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Vous appréciez un brin de provocation, prendre à l’envers toutes les certitudes du moment? Alors le livre de Benoît Rittaud est pour vous. Il met en scène des chercheurs qui découvrent un phénomène bouleversant: le climat corrigerait de lui-même ses variations…



L’auteur, Benoît Rittaud, mathématicien de haut vol et essayiste, fait encore des siennes. Il a maintes fois contesté et nuancé certains constats du GIEC sur le réchauffement climatique et ses origines. Et le voilà qui nous titille avec une histoire de science fiction. Le renversement imaginaire des données communément admises provoque de belles empoignades et même des soubresauts géostratégiques. Même Poutine y met son grain de sel, c’est dire…Le récit est bien mené, d’une écriture alerte, avec sa dose d’humour et sa pointe de gravité. Pas de quoi décrocher le Goncourt mais de quoi brouiller les cartes et agiter les méninges. Avec aussi quelques clins d’œil malicieux vers des personnalités politiques françaises actuelles sous leur nom déformé.

Le professeur Nalliens qui a fait la stupéfiante découverte a aussi d’autres soucis. Il est à la recherche de sa fille, choquée par les travaux de son père. Elle a disparut mais le savant au vif instinct paternel la retrouve sur la ZAD du Havre. Qui a survécu et beaucoup évolué au fil des ans. Il s’y trouve une bande bizarre qui souhaite remplacer la démocratie par la géocratie. Non seulement les humains, avec leurs divers groupes, doivent constituer le parlement mondial, mais aussi les animaux, par espèces, et les fleuves, et les montagnes… Faute d’une langue commune, ces nouveaux − ou éternels − acteurs se feront représenter par des députés voués à la défense des intérêts des uns et des autres. Ce complot-là suscite bien sûr la curiosité attentive de maints agents du pouvoir… L’imagination de l’auteur galope mais non sans fondement. Plusieurs pays ont déjà reconnu une personnalité juridique à des fleuves et des montagnes. Quant aux certitudes sur le réchauffement climatique, elles sont mises en cause par une minorité de savants… dont l’auteur mentionne les travaux, mine de rien, en bas de page.

Il faut dire cependant que lorsque Benoît Rittaud s’exprime sur ses nombreuses vidéos, il n’apparaît pas comme un militant échevelé. Il insiste sur la nécessité de ne pas mélanger tous les sujets, de ne pas monter en épingle tel ou tel aspect, comme on le fait par exemple avec la malédiction du CO2. Les positions trop carrées, idéologisées, aveuglent plus qu’elles n’éclairent. Elles servent souvent des intérêts politiques et économiques plus que l’avenir de la terre et de l’humanité. Et là, au-delà des opinions de chacun sur le fond du débat, il est difficile de lui donner tort.


«Geocratia», Benoît Rittaud, Editions du Toucan, 350 pages.

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