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Culture

Culture / Combattre son aliénation ou la cultiver?


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«Martin Eden», Aude Samama et Denis Lapière, Editions Futuropolis, 176 pages.



Il s’agit bien sûr du roman de Jack London, adapté et mis en images. Il y a, on le sait, de grandes similitudes entre l’auteur et son personnage – le héros de la bande dessinée a d’ailleurs les traits de l’écrivain – mais aussi de grandes différences. Peut-être London était-il moins romantique que Martin, peut-être avait-il moins de vague à l’âme. Martin Eden est un jeune marin des bas-fonds d’Oakland. Il rencontre une jeune bourgeoise, Ruth, dont il tombe amoureux. Impressionné par la culture de la jeune femme, il décide de s’élever intellectuellement, emprunte des livres à la bibliothèque. Il veut également s’élever matériellement en devenant écrivain. Ses textes sont refusés par les maisons d’édition et par les journaux. Ruth lui propose de travailler pour son père, notaire. Martin prend la parole lors d’un meeting politique, un journaliste le désigne comme meneur socialiste; Ruth, scandalisée, le quitte. Martin devient finalement célèbre mais désabusé. Les peintures – ce ne sont pas des dessins – d’Aude Samama donnent au récit une ambiance particulière et agréable, une sorte de mélange d’impressionnisme et de naturalisme. Au-delà des faits, il y a dans ce récit une intéressante réflexion sur ce qui sépare la bourgeoisie du prolétariat – je sais, vous n’avez plus l’habitude d’entendre ces termes, pourtant ils décrivent une réalité toujours d’actualité. Au fil de son évolution Martin se rend compte qu’il ne sera jamais accepté par les bourgeois mais que, devenu écrivain, il ne fait plus partie des prolétaires. Ruth, elle, est incapable d’adopter un point de vue autre que celui de sa classe sociale. Martin cherche à se cultiver en autodidacte pour combattre l’abrutissement du travail, Ruth est cultivée par formatage et par désœuvrement. Martin combat son aliénation, Ruth la cultive. La dernière phrase de la BD est la même que celle du livre, elle a marqué plus d'un lecteur et d'une lectrice. Vous la connaissez ou je vous la livre?


PS: Le cinéaste italien Pietro Marcello a tourné en 2019 une adaptation de «Martin Eden». Je n'ai pas vu le film mais la bande annonce donne envie de le découvrir.

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