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Culture / Amour, tristesse et espérance


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«L’étrangère», Sergueï Dovlatov, Editions La Baconnière, 160 pages.



Reédition à La Baconnière de cet amusant et enthousiasmant récit de Sergueï Dovlatov (1941-1990), un écrivain et journaliste russe qui ne sera jamais publié de son vivant en Union soviétique, car considéré comme «idéologiquement hostile», et s’exilera aux Etats-Unis en 1978. C’est justement New York et le milieu des émigrés russes qui sert de cadre à L’étrangère. Vivant à Leningrad, Maroussia appartient à la nomenklatura. Malheureuse en amour, elle décide, malgré son statut privilégié, de s’exiler aux Etats Unis où elle retrouve d’autres Russes. Les personnages de Dovlatov sont tout à fait savoureux, mais ce n’est pas là – pas uniquement – que réside la grande qualité de l’écrivain. Dans sa préface, Joseph Brodsky donne des indications permettant de mieux comprendre le style et les intentions de l'auteur, de mieux comprendre le grand plaisir que l’on prend à le lire. «L’écrivain est créateur au sens où il invente un type de conscience, un type de sensation qui jusque là n’existaient pas ou n’avaient jamais été décrite. Il reflète la réalité, non pas comme un miroir, mais comme un objet que la réalité attaque. (…) On lui sait gré de son absence de prétention, de la sobriété de son regard. (…) Il parle d’égal à égal: il ne regarde pas ses semblables de bas en haut ou de haut en bas, mais en quelque sorte de côté.» Surtout, il «ne s’impose pas le statut de victime.» Le livre est dédié «aux femmes russes seules en Amérique, avec amour, tristesse et espérance». Amour, tristesse et espérance, voilà un cocktail plus enivrant que la vodka.

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