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Chronique / Parole volatile, démocratie virtuelle, dystopie technologique


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Au Palais fédéral ils s’en gargarisent tandis qu’à Lausanne ils la détruisent: les socialistes ont un rapport schizophrénique à la biodiversité. Il serait pourtant utile qu’un peu de sérieux politique émerge en Suisse, n’en déplaise aux politiciens établis. Car qui va nous sauver de l’économie? Pas la 5G, conçue dans le seul but de la servir.



Les caciques socialistes vaudois jubilent. Ils peuvent à nouveau espérer raser la forêt du Flon, à Lausanne, pour mettre une route à la place. Par trois voix contre deux, les juges du Tribunal fédéral ont décidé que pour que le tram arrive jusqu’à la place de l’Europe, il fallait dégager… une voie pour les voitures (pour les détails de cette tartuferie, lisez 24 heures). Oui, l’élite socialiste vaudoise est contente. Cette forêt – avec sa faune et sa flore – est une réminiscence du passé lausannois, un passé indiscipliné, un peu sauvage, que les petits barons et les petites baronnes du PS souhaitent éradiquer. Pourtant, Simonetta Sommaruga, conseillère fédérale socialiste, a déclaré vouloir faire de la biodiversité en Suisse une priorité. Mais la parole socialiste est si volatile qu’entre Berne et Lausanne, elle s’évapore dans l’atmosphère libérale.   

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Ce qui s’évapore aussi de plus en plus, c’est le sérieux de l’esprit politique en Suisse, presque totalement remplacé par un théâtral esprit de sérieux. Deux exemples récents de cette déliquescence? A Genève, après les affaires Maudet et Barazzone, les électeurs découvrent de possibles tricheries dans les résultats de certaines votations et la classe politique joue les vierges effarouchées. Tandis que dans le canton de Vaud, une nouvelle ministre a prêté serment alors qu’elle n’a recueilli que 46,5% des voix – elle a été élue grâce au désistement unanime, après le premier tour, des autres candidats qui ont ainsi privé les Vaudois de la possibilité démocratique de s’exprimer au deuxième tour. Sans parler de la votation fédérale sur la RFFA (réforme fiscale et financement de l’AVS), une manœuvre qui consiste à lier deux sujets différents, déjà refusés en votation populaire, pour finir par les faire accepter. Dans leurs rêves les plus fous, bon nombre de politiciens doivent espérer un peuple virtuel dont l’opinion serait modelable à souhait, comme dans un jeu numérique propulsé par la 5G.

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L’idéologie dominante en Suisse – je crains que cela soit également le cas ailleurs – n’est pas politique mais économique. C’est pourquoi la 5G, qu’on le veuille ou non, va nous être imposée: le commerce en a besoin pour rendre les consommateurs encore plus dépendants, encore plus décervelés. Même George Orwell, dans 1984, n’avait pas imaginé quelque chose d’aussi formidablement dystopique que les smartphones. Avant même que ses antennes n’essaiment le territoire, la 5G s’est déjà installée dans nos têtes.

Comme la migraine.

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