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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Que voteront les Allemands à moitié russes?

Antoine Thibaut

15 août 2017

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Une minorité dont on parle peu ou pas: les Allemands arrivés, après la chute du Mur, de Russie et d’autres régions de l’ex-URSS où ils vivaient depuis des générations. Ils sont 4,5 millions dans toute la République fédérale. On ne les entend guère. Mais les partis engagés dans la campagne électorale s’inquiètent de les voir verser du côté de l’AFD, la formation d’extrême-droite (créditée par les sondages de 8-10% des voix).



En janvier 2016, une jeune fille d’origine russe déclara qu’elle avait été violée par trois réfugiés arabes dans le quartier berlinois de Marzahn. Cela suscita une immense émotion dans cette population. Les médias russes montèrent l’affaire en épingles. Or il s’avéra que la pseudo-victime avait inventé l’histoire par crainte de la réaction de ses parents devant sa grossesse.

Néanmoins l’incident enflamma un peu plus l’hostilité des Allemands russes à l’endroit des immigrés. L’AFD fait les yeux doux à cette clientèle électorale. Pour la contrer, un candidat socialiste, Dmitri Geidel, de mère russe et de père allemand, né à Berlin-est, arpente son quartier de Marzahn où vivent 30 000 Russes allemands. «C’est un cliché, affirme-t-il, de penser que ceux-là détestent tous les réfugiés et les homosexuels, qu’ils ne regardent que la télévision russe et qu’ils vont voter forcément pour l’AFD.» Réponse le 24 septembre.

Surtout passer inaperçus

Un autre jeune Russe et allemand, comédien au Théâtre Maxime Gorki, constate lui aussi que ces récents immigrés, dès leur arrivée, ont tout fait pour s’intégrer, pour ne pas se faire remarquer mais ils restent attachés à la culture de leur enfance. «Chaque fois que je passe devant un kebab, quand je vois les Turcs boire le thé ensemble, je suis jaloux. Ils ont fait de leur spécialité un plat national allemand. Ils ont des endroits où se retrouver.» Les Russes allemands, eux, veulent rester inaperçus.


L'article de la Süddeutsche Zeitung: «Russlanddeutsche: die unsichtbaren Migranten»

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