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Lu ailleurs

Lu ailleurs / Les risques méconnus de la méditation

Amèle Debey

17 décembre 2018

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Censée nous apporter calme et bien-être, la pratique de la méditation recèle des dangers peu connus, notamment pour ceux qui sous-estiment sa puissance. Des effets secondaires aussi dangereux qu’inquiétants ont été étudiés chez plusieurs patients qu’une journaliste de Vice US a eu l'occasion d'interroger.



Qui ne s’est jamais vu conseiller de se tourner vers la méditation pleine conscience au moment d’affronter un coup dur, une baisse de moral ou une période de stress intense? De nos jours, cette technique ancestrale est à la mode. Les applications consacrées à l’apprentissage de sa pratique fleurissent sur les plateformes prévues à cet effet. Les vidéos censées nous accompagner dans l’exercice s’additionnent sur YouTube, afin de nous permettre de nous y mettre tout seul, à moindre frais, et sans bouger de notre canapé. Mais, pour une minorité de personnes, la pratique de la méditation peut s’avérer dangereuse.

Selon Willoughby Britton, directrice du laboratoire de neurosciences affectives à l’université de Brown, moins de 25% des études portant sur la méditation se penchent sur ses effets secondaires. Du coup, elle a décidé de le faire elle-même en interviewant plus de 100 professeurs de méditation et en lançant un groupe de parole destiné aux personnes chez qui la pratique a déclenché d’inquiétantes crises psychologiques et physiques.

«Je n’ai pas l’impression que les programmes, les applis ou les professeurs de méditation se sentent responsables de leurs clients, affirme Britton. Si les gens m’appellent, c’est qu’ils ne reçoivent pas l’aide dont ils ont besoin de la part des enseignants.»

Grâce à ses travaux, la chercheuse a pu identifier les symptômes ressentis par les «victimes de la méditation», dont l’hyperstimulation, qui se traduit par une augmentation de l’anxiété, de la peur, des insomnies, des flash-backs traumatiques, ainsi qu’une instabilité émotionnelle. Il y a également l’hypersensibilité, à la lumière et au bruit en particulier. Ou encore une hyposensibilité: l’impression d’être en dehors de son corps, de ne plus rien ressentir. Ces effets négatifs de la méditation pourraient être causés par les mécanismes à l’origine de ses effets positifs, car elle agit sur le cortex préfrontal (à savoir la zone du cerveau en charge de l’attention et des fonctions exécutives qui garde sous contrôle deux centres émotionnels du cerveau, ndlr).

Témoignages à la pelle

Lors de son enquête, la journaliste de Vice US a eu l’occasion de s’entretenir avec plusieurs témoins qui ont rejoint le groupe de parole de Britton. Parmi eux, Nick*, 25 ans, qui a commencé à méditer grâce à un livre et qui s’est retrouvé hospitalisé après avoir développé des pensées suicidaires: «La méditation m’avait tellement apporté depuis plusieurs années. J’étais vraiment passionné, dit-il. Ça avait donné énormément de sens à ma vie et voilà que maintenant, cette pratique me faisait beaucoup de mal. Je ne me suis jamais senti aussi déprimé de ma vie. C’était très difficile d’affronter cette vérité à propos de la méditation.»

Sofia, 22 ans, pratiquante régulière de yoga qui avait déjà testé la méditation, a très mal vécu une retraite spirituelle. «J’en suis rentrée complètement détruite et instable», confie-t-elle. Les premiers jours se sont bien passés, mais au bout du septième, elle commence à développer des sensations bizarres et des vertiges. Le professeur lui affirme que c’est normal. A son retour, elle est sujette à des crises d’angoisse. «Je n’avais jamais fait de crises de panique avant dans ma vie, explique Sofia. J’ai toujours été une excellente élève, tout était parfaitement maîtrisé. Tout à coup, j’étais complètement diminuée. J’ai mis un an à guérir.»

David*, qui a également appris à méditer grâce à des livres, est rapidement devenu adepte. Au début il pratique 30 minutes par jour, puis passe rapidement à deux séances de 60 minutes par jour. «J’ai remarqué – et c’est encore plus clair rétrospectivement – que je me renfermais sur moi-même, dit-il. J’ai commencé à perdre goût à la vie. J’ai arrêté de jouer de la guitare, d’écouter de la musique. Faire la cuisine pour ma famille était devenu une corvée.»

Et d'ajouter: «J’avais des nausées, des douleurs à l’estomac et à la poitrine. J’éprouvais un sentiment général de terreur existentielle, raconte-t-il. Mon univers émotionnel s’est complètement bloqué. J’étais brisé. J’avais un boulot, une femme et deux enfants merveilleux, et pourtant, je pensais ne plus jamais retrouver le bonheur.»

«Je trouve inquiétant qu’on démocratise une technique mentale qui a été conçue pour déconstruire le concept d’identité.»

De son côté, Mike, un autre patient de Britton, explique: «Je sais bien que ces techniques sont bénéfiques pour la plupart des gens. Certaines personnes méditeront toute leur vie avec des effets essentiellement positifs sans s'aventurer du côté obscur de la force. Mais je trouve inquiétant qu’on démocratise une technique mentale qui a été conçue pour déconstruire le concept d’identité.»

La méditation est un outil très puissant et les applications ont tendance à ne pas suffisamment rendre leurs utilisateurs attentifs, contrairement aux chercheurs et aux professionnels de la pratique. Il s’agit d’une véritable compétence et il peut être dangereux de prendre cela à la légère. De plus, il existe plusieurs genres de méditation et chacun développe des compétences particulières. Comme elles sont souvent regroupées, ces différentes formes de méditation ne sont pas toujours analysées correctement et ses effets sur le cerveau sont souvent négligés.

*Les prénoms ont été modifiés.


Retrouvez l'article original en cliquant ICI!

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@LEFV024 18.12.2018 | 20h33

«Pour ceux qui n'ont jamais pratiqué la méditation et s'en méfient intuitivement, cet article est intéressant...»


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