Lu ailleurs / Les durs haussent le ton contre Poutine
Le correspondant à Moscou des «Echos», le journal économique français, Benjamin Quénelle, constate que les ultra-nationalistes russes sont fâchés contre Poutine qui, en Ukraine, ne mettrait pas le paquet. «Nous perdons patience avec Poutine! Notre président, c'est un centriste mou».
C'est en tout cas l'avis d'Alexeï, un retraité d'une soixantaine d'années, qui prône l'émergence d'un «vrai chef de guerre, un Staline!». En vue de la présidentielle de 2024, il espère le retour d'Evguéni Prigojine, cette fois sur la scène politique. «Lui a raison! Il faut commencer la vraie guerre. Sa rébellion n'était qu'une première hirondelle annonçant le durcissement qui nous attend enfin à Moscou.»
Tous ne sont pas des supporters de Prigojine, trop atteint par l’adrénaline de la guerre. Mais ils souhaitent un engagement plus fort. «Sous son polo Lacoste et devant son dessert italien, dans une pizzeria branchée de Moscou, Vassilï partage ces frustrations. Il surfe sur les réseaux sociaux ultra-nationalistes dénonçant les insuffisances de l'armée russe face aux troupes ukrainiennes. C'est aussi l'un de ces jeunes Moscovites qui préfèrent ignorer la guerre et profiter de la vie. Tout en soutenant l'offensive du Kremlin.» Ce qu’il souhaite? «Les masques sont tombés. On a vu le vrai visage des Occidentaux, prêts à soutenir les fascistes ukrainiens, à mener un apartheid culturel, sportif et économique contre nous les Russes», s'emporte ce père de famille trentenaire. «Le Kremlin ne doit pas avoir peur: il faut aller jusqu'à Odessa. Au minimum».
Cela n’inquiète guère les stratèges du Kremlin qui, sondages à l’appui, assurent que ce courant est très minoritaire. Selon eux Poutine sera réélu sans problèmes car il est vu par la plupart des Russes comme «le vrai chef patriotique».
Autre point de vue: «Nous représentons 10 à 15% de la population. Avec nos convictions patriotiques. Et notre lassitude face aux échecs du Kremlin. Notre opposition nationaliste peut s'étendre», prévient Igor qui, cadre à Moscou et «Européen de cœur», dit avoir fait son deuil de ses tropismes passés. «Un rideau de fer est tombé à l'Ouest contre la Russie», assure-t-il. Pour lui, Prigojine était une figure patriotique. «C'est fini. Mais la suite reste à écrire…»
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@stef 03.09.2023 | 15h53
«Si Poutine disparaît, il sera remplacé par un ultra-nationaliste russe, qui appuiera sur le bouton rouge.
Que l'avenir nous en préserve...»