Lu ailleurs / Le nouveau terrain de jeu virtuel des néonazis
Le réseau social américain Minds, qui se présente comme une alternative à Facebook, rencontre des problèmes pour gérer sa communauté néonazie. Entre volontés de promouvoir la liberté d’expression et respect des règles de contenu, le flou artistique demeure et les profils d’extrême-droite en profitent, rapporte Vice.
Avec plus d’un million d’abonnés «seulement», le réseau social «anti-Facebook» Minds fait pâle figure à côté de ses concurrents. Pourtant, il a des arguments non-négligeables. Contrairement au géant bleu de Mark Zuckerberg, Minds est construit sur un système transparent (code open source) qui se targue de récompenser financièrement ses utilisateurs pour leurs contenus, et non d’utiliser ces contenus à des fins mercantiles, comme c’est le cas sur la plupart des réseaux sociaux. L’inscription à Minds est gratuite, mais la plateforme fonctionne sur un système de crypto-monnaie qui permet à ses utilisateurs de payer pour mettre ses posts en avant et d’être payés en fonction de leurs contributions au site et de leur visibilité. Autre différence notable avec Facebook, Twitter et compagnie: la modération très indulgente du contenu.
L'interface de Minds n'est pas bien différente de celle de Facebook. © DR / Capture d'écran
L’équipe de modérateurs de Minds est composée de cinq personnes et le but à long-terme de la plateforme est de confier cette mission à un jury sélectionné parmi les utilisateurs: «Nous souhaitons respecter la liberté d’expression et notre promesse de transparence comme remède à la radicalisation, à la violence et à l’extrémisme. Notre but avec ce système de jury, c’est d’avoir un procédé plus juste et démocratique lors des reviews et de la modération des contenus, et non de devoir imposer à la communauté d’adhérer à la subjectivité d’une seule autorité centralisée, sans aucune transparence», a récemment déclaré l’entreprise dans un communiqué.
Un remède qui est loin d’avoir fait ses preuves, puisque les groupes extrémistes néonazis pullulent sur le réseau social fondé en 2015, profitant de ce laxisme pour déverser sa propagande. Ainsi, Vice y a déniché nombre de groupes d’extrême-droite, tels que Atomwaffen Division (groupe de propagande lié à plusieurs meurtres), Feuerkrieg Division (groupe paramilitaire underground), ainsi que des comptes liés à Patriot Front (organisation de propagande du nationalisme blanc) et à Génération Identitaire (groupe international de propagande d’extrême-droite), pour ne citer qu’eux. Après les signalements de nos confrères, certaines pages ont été bannies, mais d’autres sont toujours bien actives et continuent à générer du trafic, ainsi que de l’argent. Si les posts racistes, antisémites, homophobes et sexistes sont toujours bien visible sur la plateforme, il arrive que des images (telles que des croix gammées ou autres joyeusetés de ce genre) soient floutées et uniquement accessibles à un public majeur.
Flouté, le contenu n'est cependant pas difficile à deviner. Minds (capture d'écran © Vice)
Mais cette liberté d’expression est revendiquée sur Minds et son créateur, interrogé par Vice, semble prendre les choses avec philosophie: «Ces gens sont plutôt des malades, mais il faut éviter de généraliser et, au contraire, se demander: que se passe-t-il, sur Internet, globalement? On peut même dire qu’il est irresponsable de la part des grands réseaux de les pousser vers le darkweb.»
Minds, le réseau qui fait du social.
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