Lu ailleurs / Le médecin nazi et chantre du racisme opérait en Suisse
La «NZZ» a restitué la biographie d’un certain Franz Johann Irsigler, chirurgien neurologue qui, en 1948, opérait le cerveau de patients et patientes à la clinique universitaire de Zurich. Arrivé discrètement d’Allemagne à la chute du nazisme, il en avait été, dès le plus jeune âge, un fervent adepte.
Irsigler est parvenu à ce poste sur la recommandation de Hugo Krayenbühl, directeur de l’établissement, spécialiste notamment de la lobotomie. A ce chapitre, le collègue allemand qu’il admirait en connaissait un bout. A Berlin, Irsigler était médecin de l’armée et des SS. Il soignait les blessures des soldats atteints à la tête et menait des recherches personnelles. Décapitant des centaines d’animaux et explorant aussi à vif la matière grise de nombreuses personnes dites «débiles» qu’on lui confiait.
La police fédérale des étrangers, soupçonneuse, examine le cas de ce sans-papiers peu ordinaire. D’autant plus compliqué qu’il est né en Tchécoslovaquie, chez ce que les Allemands appelaient les Sudètes. Mais en 1949, il obtient un document d’identité qui lui permettra de voyager.
Il part ainsi, en 1951, via la Grande-Bretagne, vers l’Afrique du Sud. Un paradis à ses yeux: on y pratique officiellement la discrimination raciale. Il s’installe à Pretoria en tant que neurochirurgien. Il rédige alors un grand nombre de textes à prétentions plus ou moins médicales sur la nécessité, selon lui, de séparer les races et d’éliminer les individus «inadaptés». Les éditeurs européens et même sud-africains ne s’empressent pas de les publier. Dans ce but il va jusqu’à chercher l’appui du Lausannois Gaston-Armand Amaudruz, figure de l’extrême droite, raciste jamais repenti. Sans succès. Il trouvera néanmoins le relais de ses thèses dans le magazine britannique Mankind Quarterly dès 1960, et dans un organe raciste allemand, en 1970, Neuen Anthropologie.
Sa grande déception, il la doit à la montée de l’antiracisme en Afrique du Sud et à la fin de l’apartheid. En mai 1994, c’est l’élection du premier président noir. Irsigler meurt un mois plus tard.
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