Lu ailleurs / «Le fentanyl détruit l’âme de San Francisco»
Ainsi titre la «NZZ» un reportage très fort sur les ravages de cette drogue dans la légendaire cité de l’ouest américain. L’auteure, Marie-Astrid Langer, a suivi une femme de 58 ans qui, depuis des mois, hante les rues et interroge les jeunes gens affalés, leur montrant une photo de son fils disparu.
«Vous le connaissez? Il s’appelle Corey.» Chaque jour, à San Francisco, on compte deux morts sous l’effet de cette drogue. 110’000 y ont succombé l’an passé aux Etats-Unis. Tout un pan de la jeunesse s’en trouve abrutie. La substance opiacée, relativement aisée à produire chimiquement, est cinquante fois plus puissante que l’héroïne. Deux milligrammes peuvent déjà entraîner la mort. Dès lors les trafiquants, ainsi moins dépendants d’approvisionnements de l’étranger, fabriquent le produit aux Etats-Unis ou au Mexique et le vendent avec des marges infiniment supérieures. Paradoxe: la formule chimique a été mise au point, à l’origine, par les laboratoires pharmaceutiques pour un anti-douleur.
Mais pourquoi les dealers vendent-ils un produit qui peut directement tuer les clients?
«Contrairement à l'héroïne, l'ivresse provoquée par le fentanyl est assez brève, on en consomme cinq ou six fois par jour», explique l’expert Keith Humphrey, professeur à Stanford. «Si quelqu'un consomme plus souvent une drogue beaucoup plus rentable, cela m'est égal, en tant que dealer, qu'il soit mort au bout de six mois. D'ici là, j'aurai gagné plus avec lui qu'avec un héroïnomane en dix ans. Et de nouveaux clients arrivent sans cesse».
La mère en quête de son fils Corey veut croire qu’il est encore en vie. Elle lâche: «J’espère qu’il reviendra à l’héroïne.»
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@stef 03.09.2023 | 14h34
«La dernière phrase de la mère à Corey est épouvantable »