Lu ailleurs / Sous perfusion, Cape Town approche du «Jour zéro»
La ville sud-africaine est à court d’eau. Malgré les restrictions, drastiques, elle s'apprête à devenir la première métropole au monde à ne plus pouvoir faire face à la sécheresse. Le 12 avril, plus rien ne sortira des robinets. Revue de presse.
A moins d’un miracle, les 4 millions – au moins – de Capetoniens, n’auront plus d’eau d’ici 80 jours. Le 12 avril, si ce n'est avant, l’eau potable ne coulera plus dans la ville et ses environs. Cape Town sera alors parvenue au «Day zero». «Nous avons atteint un point de non-retour», a déclaré la maire Patricia de Lille, rapporte le Daily Maverick. La crise est telle qu'elle a même été évoquée hier à Davos, par la voix notamment du ministre de la Planification Jeff Radebe, relève le South African.
Cela fait près de trois ans que Cape Town souffre de la sécheresse. Pas de pluies, ou très peu. L’été austral et sa chaleur qui y règnent ces dernières semaines ont encore aggravé la situation. En plus des interdictions de gaspillage évidentes – comme remplir sa piscine ou laver sa voiture –, les habitants sont astreints à des mesures toujours plus radicales: 50 litres d’eau par jour, rappelle le Farmer's weekly. Sachant qu’une douche-express d'une minute équivaut à quelque 20 litres d’eau et qu'un flush de toilettes déverse 10 litres, soit 40 litres par jour, le seuil d'alerte est à son quasi maximum.
D'où des débordements, quotidiens. Et des menaces très concrètes des autorités: «Malgré nos exhortations depuis des mois, 60% des Capetoniens consomment toujours plus de 87 litres par jour». Impossible dès lors d'atteindre l'objectif ultime: retarder ce «Jour zéro» en réduisant de 500 millions de litres la consommation quotidienne de la métropole.
Et les amendes, listées par la Ville, de pleuvoir. Hier, trente-sept stations de lavage qui utilisaient l'eau municipale ont été amendées, relève Time Live. Tout comme «des personnes» prisent en flagrant-délit de mixer de l'or transparent avec du ciment. Quelque 150 seaux de tuyaux d'arrosage ou appareils de lavage de voitures ont aussi été confisqués.
L'eau coule pourtant sous la ville
Résultat: la panique monte et des milliers de Capetoniens se précipitent pour acheter de l'eau embouteillée, des économiseurs d'eau et des conteneurs, a observé Eye Witness News. «Seaux, jerrycans et à peu près tout ce qui peut être utilisé pour stocker l'eau» s'arrachent. S'ils ne sont pas déjà en rupture de stock. Idem pour les eaux embouteillées (+93% par rapport à janvier 2017).
La situation est tout aussi terrible pour les fermes et les vignobles, mégaconsommateurs d'eau, détaillent dans une vidéo le vlogger Adams Spires et l'acteur Sivuyile Ngesi. La pénurie est si catastrophique qu'elle menace de nuire à la production des vignobles de la région, alerte Quartz Africa. Epine dorsale de l'économie provinciale (l'Afrique du sud est le septième producteur mondial de vin), l'industrie emploie 300'000 personnes dans ces somptueux Winelands où les vendanges ont débuté début janvier.
Et pourtant, Cape Town aurait bien de l'or sous ses pieds, des canaux centenaires où coulent... 20 millions de litres d'eau chaque jour. Des canaux oubliés que la ville n'a donc plus exploités. 20 millions de litres d'eau perdus pour la population mais qui abreuvent chaque jour l'océan.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
4 Commentaires
@noar12 27.01.2018 | 10h15
«Quelques complément que je trouverais utile:
L'évolution des réserves d'eau de la ville et la réponse des autorités sur la question des canaux centenaires oubliés
https://en.wikipedia.org/wiki/Cape_Town_water_crisis#/media/File:Cape_Town_water_graph_Jan_2018.svg
http://thegreentimes.co.za/cape-town-adopts-precautionary-approach-to-underground-water-tunnels/»
@fgardiol 27.01.2018 | 10h52
«article trop sommaire qui vise le sensationnalisme.
Voir un débat sur :
http://www.lemonde.fr/afrique/article/2018/01/24/en-afrique-du-sud-vent-de-panique-au-cap-menace-d-etre-prive-d-eau_5246519_3212.html
Françoise Lieberherr-Gardiol »
@florence 28.01.2018 | 18h19
«L'article du monde auquel vous faites référence
En Afrique du Sud, vent de panique au Cap menacé d’être privé d’eau
Après trois ans de sécheresse, la deuxième ville d’Afrique du Sud pourrait se retrouver sans eau dans les prochaines semaines.
Le Monde.fr avec AFP Le 24.01.2018 à 18h10
La sécheresse vire au scénario catastrophe dans la métropole sud-africaine du Cap. D’ici au 12 avril, les robinets pourraient être à sec et les habitants contraints de faire la queue pour recevoir leur ration quotidienne d’eau, sous la protection de la police. « Je suis trop inquiet pour l’envisager », assure Farrel Cohen, qui gère le Metropolitan Golf Club aux allées grillées par le soleil. « Personne ne sait à quoi s’attendre. Les gens se précipitent dans les supermarchés pour acheter de l’eau », précise-t-il.
Après trois ans de sécheresse, la pire depuis un siècle, Le Cap, deuxième ville d’Afrique du Sud, pourrait se retrouver sans eau dans les prochaines semaines. Ce sera le « jour zéro ». En novembre 2017, il avait été fixé au 13 mai 2018. Depuis, la situation n’a cessé d’empirer et la mairie a été obligée d’avancer à plusieurs reprises la date fatidique. Elle est désormais programmée au 12 avril.
Le niveau d’eau dans les barrages, première source d’approvisionnement de la mégapole de 4 millions d’habitants, est dramatiquement bas. « On se retrouve dans une situation sans précédent », a constaté mercredi Mmusi Maimane, chef de l’Alliance démocratique (DA), le parti d’opposition qui gère Le Cap. « Le “jour zéro” est une possibilité bien réelle » et il suscite « peur et anxiété ».
Des comportements « arrogants et irréfléchis »
Car la ville a beau avoir réduit de moitié sa consommation d’eau de 1,1 milliard de litres par jour en 2016 à environ 586 millions de litres actuellement, ses efforts restent largement insuffisants. Seuls 40 % des habitants du Cap consomment les 87 litres d’eau qui leur sont actuellement alloués par jour et par personne.
Marna Esterhuizen, 40 ans, a renoncé aux longues douches. « J’ai maintenant un minuteur dans la salle de bain pour m’assurer que je ne dépasse pas les deux minutes », explique cette mère de famille qui dénonce les comportements « arrogants et irréfléchis » de ceux qui ne se plient pas aux restrictions.
La maire du Cap, Patricia de Lille, très critiquée pour sa gestion de la crise, a qualifié d’« inhumains » les contrevenants.
Pour tenter d’éviter le scénario catastrophe, la municipalité a notamment lancé des forages dans des nappes aquifères et ordonné aux Captoniens de réduire encore de 40 % leur consommation d’eau. A compter du 1er février, leur seront alloués cinquante litres par jour et par personne. L’équivalent d’une douche d’environ trois minutes.
Des commerçants se mobilisent pour tenter de retarder au maximum le « jour zéro ». Au restaurant Cape to Cuba de Kalk Bay, les serveurs ne proposent plus de carafe d’eau à leurs clients, seulement des bouteilles d’eau minérale. Dans les toilettes, le restaurant encourage les clients à ne tirer la chasse d’eau qu’en cas d’extrême nécessité. Il a aussi renoncé aux lave-vaisselle, trop gourmands en eau.
En prévision, la municipalité du Cap est en train de mettre en place deux cents points d’eau où la population pourra collecter vingt-cinq litres d’eau potable par jour et par personne. Pas plus. La gérante du Cape to Cuba, Nikita Elliott, s’y prépare. « Si les robinets sont à sec, on devra bien faire la queue. Ce sera une énorme tâche supplémentaire ».
Des forces de l’ordre mobilisées
Déjà, l’économie de la ville, prisée des touristes du monde entier pour sa beauté naturelle, ressent l’impact de cette sécheresse historique. « Le tourisme est frappé de plein fouet », assure Farrel Cohen. « Je connais beaucoup d’étrangers qui ont annulé leur voyage. »
Le centre-ville du Cap pourrait échapper à la coupure totale d’approvisionnement en eau, afin de ne pas trop pénaliser l’activité économique. Mais l’impact financier de cette crise d’un nouveau genre reste encore à déterminer.
En prévision du « jour zéro », les forces de l’ordre sont mobilisées. Mercredi 24 janvier, la police a présenté à la municipalité un plan d’action d’urgence, avec déploiement des forces de l’ordre à chaque point de distribution d’eau et surveillance des réserves.
Lire aussi : L’Afrique du Sud en proie au ralentissement et à la grogne sociale
« La question qui me taraude, c’est comment éviter l’anarchie quand le “jour zéro” va arriver ? », s’inquiète la dirigeante de la province du Cap-Occidental, Helen Zille. « Si chaque famille envoie une personne chercher l’eau qui lui est attribuée, environ 5 000 se retrouveront à chaque point de distribution tous les jours. Ça va être un cauchemar logistique », a-t-elle noté sur le site d’information Daily Maverick.
La région du Cap reçoit généralement l’essentiel de ses précipitations de mai à août. Mais compte tenu de ce très long épisode de sécheresse, « on ne peut pas prédire quand il va pleuvoir », a prévenu Helen Zille, avant de lancer un SOS : « Nous devons sauvegarder l’eau car nos vies en dépendent. »
»
@JeanPaul80 03.02.2018 | 13h04
«Peut-être que je souffre d'un optimisme débordant, mais je me pose sérieusement la question de savoir pourquoi on ne dispose pas encore d'installations de désalinisation d'eau de mer, comme dans beaucoup de zones où sévit la sécheresse. Il y a certes beaucoup d'inconvénients, mais si vraiment une région entière est privée de la matière la plus essentielle à la vie, il n'y a pas beaucoup d'autres moyens. Pourquoi n'en parle-t-on pas plus ?»