Actuel / Pourquoi les Latinos sont-ils les rois des tribunes?
Le caractère fédérateur du football fait visiblement fi de la situation financière de ses supporters. Lors de cette Coupe du monde, les pays européens sont moins représentés que leurs voisins sud-américains, au contexte économique largement plus compliqué. Tentatives d’explications.
Depuis le début du Mondial 2018, on constate une présence majoritaire des supporters Latino-Américains dans les tribunes, alors même que des pays comme la Colombie, le Pérou ou le Mexique sont dans une situation économique particulièrement complexe. Cette mobilisation était flagrante lors du match France – Pérou, jeudi 21 juin, puisque les Péruviens ont demandé et obtenu cinq fois plus de places que les Français. Même constat lors du match de la Suisse contre le Costa Rica, le 27 juin, lors duquel les Helvètes n’étaient que 2000 à soutenir la Nati.
C’est bien simple, outre les Russes, qui ont acheté la moitié des billets disponibles, les Allemands sont les seuls Européens à avoir demandé plus de places que les Argentins, les Mexicains et les Brésiliens. Alors, comment expliquer une telle mobilisation citoyenne dans un contexte économique pour le moins chancelant ?
Jusqu'à 30'000 dollars
Tout d’abord, le football a toujours tenu une place importante en Amérique du sud, grâce notamment à un Brésil trônant sur les tournois à plusieurs reprises. Neymar, Messi, Cavani et consorts ont su entretenir une flamme qui n'a jamais faibli dans le cœur des sud-Américains.
De plus, il est important de noter que la classe moyenne de ces pays compte tout de même son lot de foyers aisés qui ont pu s’offrir les forfaits proposés par différentes compagnies à l’occasion du Mondial, malgré des tarifs allant de 8000 à plus de 30'000 dollars.
Quant aux autres, ils sont nombreux à s’en remettre au bon vieux système D. Des voyages low cost direction la Russie, où ils se déplacent en train, jusqu’à l’utilisation d’Airbnb et Uber. Des groupes whatsapp fleurissent et la solidarité et l’entre-aide font foi, notamment pour faciliter la communication dans un pays où la barrière de la langue peut constituer un obstacle non négligeable. Comme les villes hébergeuses des rencontres ont subi une inflation pour l’occasion, beaucoup se sont débrouillés pour loger en dehors du cœur de l’action.
Une persévérance à toute épreuve
Les supporters sud-Américains ont rivalisé d’ingéniosité afin de franchir les 13'935 kilomètres qui les séparent de la Russie pour soutenir leur équipe, à l’image de Ricardo Vargas. Cet ingénieur automobile originaire de Bogota s’est d’abord heurté à l’opposition de sa femme. Il a donc évoqué l’argument culturel afin d’esquiver ce premier contretemps, en utilisant les cartes Tolstoï et Dostoïevski. «Un couple d’amis nous a montré que si nous décidions d’organiser nous-mêmes notre propre itinéraire, nous pouvions nous en sortir pour moins cher», raconte Ricardo Vargas au site Semana.com
Et puis, parmi les supporters Latino-Américains, il y a aussi ceux qui souhaitent uniquement se rendre sur place, même s’ils n’ont pas les moyens de s’offrir le sésame pour les stades, afin de profiter de l’ambiance et de se mêler à d’autres cultures.
Tout à fait subjectivement, il semblerait que les pays d’Amérique latine se sentent un peu laissés pour compte. Dans les médias traditionnels, il n’y en a souvent que pour l’Europe, l’Amérique du nord et l’Asie. Ce besoin de reconnaissance aurait pour conséquences de galvaniser la fierté de leurs habitants lorsque l’occasion se présente de se confronter à armes égales au reste du monde.
Une autre explication serait tout simplement le boycott de la Russie qui est actuellement dans l'air du temps. Les sud-Américains semblent moins enclins à pratiquer la «russophobie», tel que c'est parfois le cas en Europe de l'ouest.
Les Anglais, qui sont habituellement très friands de cette compétition, n'ont envoyé que 26'000 demandes. A l'instar de ces derniers, les Français ne sont même pas parmi les dix premiers pays demandeurs de place. Douteraient-ils de leur Bleus, ou auraient-ils du bleu à l’âme ?
Les pays les plus demandeurs de places
1. Russie 2'503'957
2. Allemagne 338'414
3. Argentine 186'005
4. Mexique 154'611
5. Brésil 140'848
6. Pologne 128'736
7. Espagne 110'649
8. Pérou 100'256
9. Colombie 87'786
10. Etats-Unis 87'052
11. Pays-Bas 71'096
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@PAC 03.07.2018 | 11h17
«Merci pour ses pistes d’explications. J’avsis en tête ces questions, »
@ecocit 04.07.2018 | 11h07
«Bonne analyse correspondant bien à ce que j’ai pu observer.
Et puis il y a le marché noir des places , prix qui peut atteindre des prix dépassant les 300 €.
»