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Alors que l’Europe est focalisée sur la guerre en Ukraine, une autre guerre, tout aussi sale, loin des projecteurs, dans des zones désertiques, fait des milliers de victimes, de personnes déplacées, de réfugiés. En l’espace de quelques années, le Sahel est devenu l’épicentre du terrorisme mondial. Au Mali, au Burkina Faso, des groupes armés djihadistes se réclamant d’Al Qaida et de l’Etat islamique ont pris le contrôle d’une bonne partie du territoire, d’où ils mènent des attaques dans les pays voisins, ayant un accès à la mer. Le nord du Togo, du Bénin, du Ghana, de la Côte d’Ivoire sont à leur tour en état d’alerte.



Chaque jour, l’Agence d’information du Burkina (AIB), publie des bulletins glaçants, qui rendent compte de la guerre sans merci que se livrent actuellement dans ce pays d’Afrique de l’Ouest djihadistes et forces armées nationales, appuyées par des milliers de volontaires. «Les vecteurs de l’armée burkinabè ont repéré un groupe terroriste sur une dizaine de motos, mardi midi, à Tanwalbougou, à une cinquantaine de kilomètres de Fada N’Gourma, dans la région de l’Est. Les frappes précises ont permis de les anéantir au moment où ils s’apprêtaient à lancer une attaque contre la localité», peut-on lire dans une dépêche datée du 25 avril. «Toujours au même moment sous un soleil de plomb, un autre groupe terroriste a été décimé pendant qu’il cherchait de l’ombre dans la zone de Guinbila, région du Centre-nord». Les informations publiées par l’agence de presse nationale se terminent invariablement par un message destiné aux «récalcitrants», priés de «déposer définitivement les armes s’ils souhaitent rester en vie».

Un «traitement patriotique» de l’information

Une «guerre sale», à l’abri des regards, dans des zones devenues inaccessibles aux médias, nationaux et internationaux. Au Burkina Faso, les correspondantes du Monde et de Libération ont été expulsées, Radio France internationale et France 24 interdites, tout comme les radios communautaires, laissant le champ libre aux informations manipulées par l’un ou l’autre camp. Dans un rapport publié début avril, Reporters sans frontières fait part de ses craintes de voir le Sahel devenir «la plus grande zone de non-information de l’Afrique», avec, à la clé, une «explosion de désinformation», pilotée y compris par le groupe Wagner, déjà bien implanté au Mali. Au Burkina Faso, face aux attaques incessantes menées par des groupes djihadistes, les journalistes du pays sont sous pression; sommés d’observer un «traitement patriotique» de l’information, de renoncer aux infos qui mineraient le moral des forces armées. Les informations officielles, elles, ne parlent que de leurs victoires.

Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences, qui ne laissent aucun répit au capitaine Ibrahim Traoré. Pourtant, lorsqu’il avait accédé au pouvoir en septembre 2022 à la faveur d’un coup d’Etat, celui-ci s’était engagé à «reconquérir» les quelque 40% du territoire du pays déjà contrôlés par les groupes djihadistes qui sèment la terreur, tuent et rackettent une population traumatisée. Las. Attaques djihadistes et massacres de populations civiles sont sans répit. Le Burkina Faso figure désormais comme le second pays au monde ayant le nombre le plus élevé de victimes du terrorisme, juste derrière l’Afghanistan. Le Mali, le Nigeria et le Niger occupent respectivemnt la 4ème, la 8ème et la 10ème place, selon «L’indice mondial du terrorisme» 2023. Deux nouveaux venus, le Togo et le Bénin, ont fait un bond spectaculaire sur l’échelle des pays victimes de terrorisme. Il s’agit là de deux pays dits «côtiers», avec accès à la mer, et qui, à l’instar de la Côte d’Ivoire et du Ghana, semblent dans la ligne de mire des groupes djihadistes.

Des pays en état d'alerte

Face à la menace, c’est toute la région qui est en état d’alerte maximum. Ainsi, le Burkina Faso a décrété la mobilisation générale avec enrôlement de dizaines de milliers de volontaires pour la défense de la patrie; le Togo, l’état d’urgence sécuritaire dans le nord du pays; le Ghana a envoyé un millier de soldats sur sa frontière avec le Burkina, après une attaque meurtrière; la Côte d’Ivoire a annoncé une augmentation du nombre de ses forces de défense et de sécurité, tout en multipliant les projets sociaux dans le nord du pays, pour dissuader des jeunes désœuvrés de s’enrôler; quant au Bénin, il compte sur des troupes rwandaises pour sécuriser sa frontière nord. 

Moins d’une année après le départ des derniers soldats français du Mali en août 2022, le groupe Etat Islamique au Grand Sahara (EIGS) se retrouve désormais en position de force dans le Nord-Est du Mali, dans la zone dite des «trois frontières» qui sert de base arrière à ses attaques au Burkina Faso et au Niger. L’organisation a mené plusieurs attaques d’envergure au cours de ces derniers mois, pour reconquérir des territoires occupés par ses rivaux du Groupe de Soutien à l’Islam et aux Musulmans (GSIM, JNIM selon l’acronyme arabe), affilié à Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI). 

Empêcher l'avance des djihadistes... et du groupe Wagner

Dans chacun de ces pays, la communauté peule, composée traditionnellement de pasteurs, soupçonnée de soutenir les djihadistes, paie un lourd tribut à la lutte contre le terrorisme menée par les armées nationales. Cela s’explique entre autres par le fait que le groupe EIGS se soit profilé dans la région depuis plusieurs années comme le protecteur des Peuls, souvent marginalisés. Les tensions intercommunautaires, les fractures sociales et politiques, les disparités dans l’accès aux ressources, les discriminations, le manque d’infrastructures, sont autant de vulnérabilités que manipulent les djihadistes pour s’implanter.

Le retrait de l’armée française au Mali et au Burkina Faso pousse les pays occidentaux à recentrer leur aide sur les pays côtiers du golfe de Guinée, pour tenter de contenir l’avance des groupes djihadistes vers le sud. En visite au Ghana le mois dernier, la vice-présidente américaine Kamala Harris a ainsi promis 100 millions de dollars sur dix ans à la Côte d’Ivoire, au Bénin et au Togo pour lutter contre la menace djihadiste venue du Sahel. Mais aussi pour empêcher la progression dans la région des mercenaires de la société de sécurité privée russe Wagner.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Bogner Shiva 212 28.04.2023 | 15h14

«Encore et toujours le politiquement correct et les "petits pas "diplomatiques ... peut-on être correct avec des abrutis analphabètes qui n'auraient pas dépareillé dans les siècles précédents, au temps de l'obscurantisme crasse ?
"On" est capable de tracer des individus depuis l'espace , reconnaissance faciale, lecture de plaques véhicules, écoutes téléphoniques etc et "on" arrive pas à débusquer ces individus en bande armée ??? Bullshit !
On ose pas c'est tout ! Je pense qu'une volonté conjointe d'éradication définitive de cette menace devrait être mise en place avec des effets rapides et définitifs ! On a les moyens de ! Quand aux dommages collatéraux inévitables...ils devraient être mis dans la balance du résultat définitif ! C'est UNE GUERRE !
Et il n'y a pas besoin de faire étalage des succès... des groupes entiers disparaitraient dans une indifférence générale parce que pas médiatisés ou dans une absence complète d'informations relatifs à ces groupes..ni vu ni connu !
Je suis radical ? On parle de l'Islam radical non ? Ces sinistres individus sont radicalisés non ?
Usage généralisé de l'imagerie satellitaire, de drones d'attaque, de chasseurs bombardiers...des troupes au sol sont trop exposées et pas très utiles pour une opération spéciale de nettoyage !!! Et l'infrastructure logistique pour des troupes viables serai trop chère en coût humains et matériels. Voir les résultats globaux de l'opération Barkane . Bref c'est soit le monde occidental se bouge le ....votre choix ou alors arrête de pleurnicher sur les valeurs Occidentales en danger ...»


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