Média indocile – nouvelle formule

A vif


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Le pape François est mort, personne ne peu l’ignorer. Qu'il repose maintenant en paix, même si les médias en on fait un «people» comme un autre, dont on nous dit tout sans rien nous en dire. Pourquoi tant de ferveur médiatique?



La nouvelle de la mort du pape François a fait le tour du monde, la une des journaux, l’ouverture des JT. Elle a aussi encouragé les «spécialistes» et les «experts» à s’agiter sur tous les plateaux de télé, devant tous les micros. Les politiques s’y sont mis également, comme les passants, interrogés lors de micros-trottoirs, ou les témoins de toute sorte l’ayant vu de près ou de loin. Alors qu’en Occident le catholicisme n’est pas au mieux de sa forme et de sa popularité – on en parle plus souvent à propos d’abus sexuels que de spiritualité – la disparition, à un âge tout à fait convenable, de son guide suprême est tous les jours exposée, commentée, apprêtée aux diverses sauces médiatiques, urbi et orbi, jusqu’à plus soif.

Pourquoi tant de ramdam même chez les non-catholiques? Peut-être parce que François a été un pape plutôt bobo. C’est à dire un pape qui a critiqué l’ordre bourgeois sans le remettre concrètement en cause, comme nous sommes si nombreux à le faire. Oui, il a été sympa, François, avec les pauvres, les migrants, les femmes et la biodiversité − certains l’accuse même de wokisme, c’est dire –, plus proche de l’idéal chrétien que de la nomenclature papiste, qu'il repose désormais en paix.  

Quelle est aujourd'hui la religion dominante?

La bonté et la bonne volonté de François n'ont cependant pas empêché l’ordre bourgeois de gouverner le monde, ni son bras armé, l’économie de marché, d’être aujourd’hui LA religion dominante. S’y attaquer concrètement nécessite une révolution copernicienne, la prise de conscience que les échanges marchands ne sont qu’une des manières possibles d’être présent au monde. Sauf que nous avons tous et toutes besoin d’un peu de magie et que l’argent est aujourd’hui le fondement de la foi la plus répandue: celle que l'on pratique en consommant. Avec des sous, je vole par-dessus les océans mieux que sur un tapis volant, je file à toute berzingue d’une ville à l’autre, je communique avec le monde entier, je peux m’acheter tout à la fois un robot ménager et Le petit livre de sagesse du Dalaï-lama. Le miracle, aujourd’hui, ne consiste plus à multiplier les pains mais l'argent; ce qui croît, c'est le marché, pas l'esprit du croyant. 

Ce bon pape François, celles et ceux qui l’ont aimé l’ont sans doute fait avec de bonnes intentions mais il y a loin de la coupe aux lèvres, fut-ce un calice.

Il serait temps qu’un nouveau règne vienne.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@rcortesi 25.04.2025 | 09h01

«Très bien dit ! Arrêtons de croire que ça va s’arranger sans une remise en question radicale de notre système économique et de notre façon d’être au monde…»