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A vif


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L’image doit illuminer le visage de Madame Viola Amherd et frétiller d’aise son commandant en chef Süssli: six hélicoptères de combat américains sur l’aérodrome de Payerne. Leurs pilotes, est-il dit, sont venus entraîner leurs petits camarades suisses et s’exercer eux-mêmes en haute montagne.



Merci, chers amis de l’OTAN de «faire comme si», doivent se dire nos pontes de la défense à Berne. Comme si la Suisse était membre de l’alliance alors que cela n’est pas tout à fait acté. En fait elle fait partie du «Partenariat pour la paix», le second cercle. On y compte 19 membres dont certains ne sont pas particulièrement pro-américains, dont autrefois la Russie et la Biélorussie elles-mêmes, aujourd’hui encore, formellement, l’Arménie, la Serbie ou le Turkmenistan. Dans le passé, il y eut des manœuvres communes, en mer du Nord, sous l’égide de la Suède, auxquelles participa l’aviation suisse. Le chef du Département de la Défense d’alors, Guy Parmelin, décida d’y mettre fin.

En l’occurence, à l’occasion de la visite touristique de ces machines de guerre en pays vaudois, il n’a même pas été fait allusion à cette appartenance au «Partnership for Peace». Foin de formalité. Il s’agit simplement de pousser le plus loin possible un flirt intensif. Déjà bien engagé avec l’arrivée à Emmen, il y a deux ans, des F-35 accompagnés de spécialistes américains qui veillent à la coordination avec le commandement de l’OTAN. Et surtout depuis que Viola Amherd mène le bal, d’innombrables rencontres avec les hauts dirigeants de l’Alliance atlantique. Rien de neuf donc, mais une photo parlante.

Personne ne bronche. Même pas les chantres traditionnels de la neutralité. Encore moins dans l’opinion publique. Parce que cette coopération militaire nous rassure dans des temps incertains? Parce que nous serions protégés au cas où les Russes se pointeraient à Romanshorn? Pour l’heure, leur «victoire» en Ukraine se borne à conquérir quelques villages à proximité de la malheureuse Kharkiv accablée de bombes. A quelques dizaines de kilomètres de la frontière avec la Russie et de Belgorod, ville russe maintes fois atteinte par les drones et missiles ukrainiens que la défense antiaérienne ne parvient pas tous à intercepter. Mais voilà… tant de voix s’élèvent en Europe pour prédire que l’armada de Poutine va nous envahir! Alors que le Kremlin compte aussi ses morts, n’arrive plus à cacher ses difficultés à renouveler les effectifs, contraints d’aller chercher drones et munitions en Iran ou en Corée du Nord…

Le constat politique, lui, n’est pas hypothétique mais bien réel. Aux yeux du monde, dans tous les camps, c’est le grand éclat de rire quand des Suisses osent se revendiquer de leur neutralité.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

2 Commentaires

@Latombe 17.05.2024 | 21h07

«La menace russe réveille de vieux démons évocation des barbares qui venaient toujours de l'EST.
En Suisse on oublie facilement que dans l'histoire ses habitants dits primitifs ont été systématiquement mêlés à des conflits incessants en Europe, ils ont été volontiers partisans et alliés militairement de diverses puissances locales.
La neutralité nous a été imposée par les empires et actée en 1815, elle n’a pas fait l’objet d’un choix démocratique.
Depuis, 3 guerres internationales (1870, 1914, 1939) ont dévasté l'Europe tout en épargnant la Suisse, pourquoi ?
Une des raisons : sa neutralité a rendu service aux belligérants.
Ensuite la création d’un alliance militaire transatlantique - l’OTAN – s’est développée et a peu à peu conquis l’essentiel des pays européens, tout en favorisant une nette prééminence des Etats-Unis comme principale puissance militaire.
Que faire pour la Suisse ? Dépendre de plus en plus de ce pays situé à 7000 km de nos frontières, participer de manière solidaire à une défense de notre berceau culturel et de notre voisine : l’Europe ou s’appuyer sur une neutralité de plus en plus vacillante.
Pour moi la neutralité a cessé de souffler, l’OTAN en a emporté le vent…»


@hum 18.05.2024 | 16h26

«Mettons-nous à la place des Américains: grâce à la bonne idée d'Ignazio Cassis de n'inviter que les pro-Zelenski au Bürgenstock, l'hôtel, posé sur un sommet, risque d'être une cible tentante, surtout avec Biden dedans. Ils ne font probablement pas trop confiance à notre armée, d'où cette reconnaissance.»


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