A vif / L’Europe aux ordres de Ursula… et des USA
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, réélue pour cinq ans. La pluie de griefs qu’elle a subie est restée sans effets. Ce qui a convaincu le Parlement européen, c’est d’abord sa ligne dure face à la guerre Russie-Ukraine. Pas question d’efforts à la Orbán pour trouver un «apaisement» (le mot est d’elle pourtant). Les Etats-Unis peuvent se réjouir: les représentants européens, et pas seulement l’énergique Allemande, ont choisi librement de s’aligner sur la politique qu’ils imposent à leurs alliés.
Sans cette clé, c’est à n’y rien comprendre. Car à la veille même de l’élection, le Tribunal de l’Union européenne, l’une des deux juridictions qui constituent la Cour de justice de l’UE, tançait officiellement la présidente de la Commission pour son comportement lors de la crise du Covid. Elle négociait des contrats faramineux et opaques avec les pharmas, échangeant des SMS restés secrets avec le patron de Pfizer. Par ailleurs son mari a directement profité des crédits accordés pour la recherche… au sein d’un institut italien qui n’a jamais vu le jour!
Ce n’est pas tout. La présidente a été maintes fois critiquée, de tous les bords, pour s’être maintes fois posée, dans les questions internationales, en cheffe d’Etat, ce qu’elle n’est pas. Sans guère consulter les pays membres, sans égards pour la diversité des sensibilités. Cette patronne autoritaire décide tout en petit comité, avec ses proches, presque tous allemands. Au sein même du collège, les dents grinçaient souvent. Enfin elle a affiché lors de sa campagne électorale un opportunisme sans bornes. Lançant toutes sortes de suggestions pour plaire à telle ou telle formation et s’assurer de leur soutien. Par exemple la désignation d’un commissaire proposé au logement. On patauge dans le méli-mélo des compétences, la Commission voulant son mot sur tout, des sujets minuscules aux plus ambitieux, souvent hors du champ de ses prérogatives.
L’émotion belliqueuse a balayé tous ces reproches. Conséquences? Il en est une qui saute aux yeux. Dans plusieurs pays, l’UE a toutes les peines à trouver compréhension et sympathie auprès de l’opinion. En France par exemple, elle fait souvent l’objet, à gauche comme à droite, d’une forme de détestation. Le pouvoir de «Bruxelles», comme on dit avec la moue, reste éloigné des citoyens. Mal compris. Vu par beaucoup avec au moins de la méfiance. Parce que ses rouages bureaucratiques sont abscons. Parce qu’ici et là, l’UE apparaît comme une menace pour la souveraineté des Etats. Parce que l’idéal du début – bâtir ensemble un espace – depuis s’est essoufflé. Parce que l’édifice apparaît comme un «machin» aux priorités d’abord économiques. Et politiques aussi si l’on songe à la perspective d’accueillir au plus vite l’Ukraine dans le club, quel que soit l’état réel de ce malheureux pays, quelles que soient les conséquences prévisibles sur les partenaires de vieille date déjà fragilisés. Quant aux freins promis à l’immigration, on sait que des paroles aux actes… Il y a des réalités qui s’imposent au-delà du verbe tonitruant.
Les envolées d’Ursula von der Leyen sur la défense des «valeurs démocratiques» à l’échelle du monde ne réanimeront pas non plus la flamme. Car le monde a changé. Car beaucoup d’Européens, plus qu’on ne le dit, préfèrent les discours de paix aux plaideurs d’une guerre sans fin sur leur continent.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
6 Commentaires
@XG 19.07.2024 | 09h22
«L'union européenne ressemble de plus en plus à une république bananière. Il serait intéressant de savoir comment cette dame a accumulé une fortune personnelle qui frôle le milliard d'EUR. En économisant patiemment au fil des ans? Mais à ce sujet, motus. Les Etats-Unis deviennent de leur côté une gérontocratie qui n'a rien à envier aux dernières années de l'Union soviétique. Le modèle démocratique occidental a décidément triste mine et ne fait plus envie et encore moins rêver.»
@simone 19.07.2024 | 17h52
«La réélection de Mme von der Leyen est une catastrophe. Comment a-t-elle réussi à reprendre LE pouvoir pour cinq nouvelles années? C'est une illustration de non-démocratie.»
@willoft 19.07.2024 | 20h37
«Parlez donc de votre pré carré, la Suisse!»
@LEFV024 20.07.2024 | 15h06
«L'Europe et les Etats-Unis n'ont en réalité pas les moyens de financer cette guerre. On ruine les populations. Et on tue de jeunes hommes.»
@Maryvon 22.07.2024 | 09h22
«La Commission européenne nous fait la pitoyable démonstration par la réélection de cette dame sans scrupule que plus un dirigeant a des comportements très discutables, meilleures sont ses chances d'être élu ou réélu. Bien entendu le peuple le sait pertinemment mais il sait également qu'il n'a plus aucune marge de manoeuvre. Jusqu'à quand ?»
@stef 02.08.2024 | 19h11
«VdL plaide les valeurs démocratiques alors qu'elle ne les respectent pas »