A vif / Gare à l’ogre chinois de l’e-commerce!
Sa pub envahit les réseaux sociaux, les sites des journaux et même de la RTS, avec une ribambelle d’offres hétéroclites à bas prix. Le géant Temu s’attaque au plus ancien, chinois aussi, Shein.
Quel bazar! Beaucoup de fringues, des produits de beauté, des appareils ménagers, des outils, des jouets, des bijoux, de la décoration, tout pêle-mêle. Avec l’invitation insistante à charger l’application de la marque qui pourra ainsi vous bombarder d’offres quotidiennes, adaptées à vos goûts. Les petits commerçants tremblent. Ou ferment. Les grands aussi ont du souci à se faire. Pas sûr que nous ayons pris la mesure de l’assaut. Les chiffres sont ahurissants. Shein est présent dans plus de 160 pays, peut nous mettre sous le nez 470’000 offres, 8'000 nouvelles chaque jour. Son chiffre d’affaires: 41,4 milliards d’euros. Son challenger qui déferle ces temps-ci en Suisse n’atteint que 48 pays, compte 80’000 références, 1'000 nouvelles par mois. Il brasse 12 milliards d’euros mais n’est pas encore rentable. Car Temu engloutit des sommes gigantesques dans le marketing, il voit loin, il s’imagine dominer le commerce ces prochaines années. Selon diverses estimations, le site perdrait en effet de 15 à 28 euros par commande passée! La plateforme aurait investi près de deux milliards sur Facebook et Instagram.
Le secret de ce dernier ogre né en 2022? Il ne fait pas, comme Shein, fabriquer les produits en Chine, au Brésil ou en Turquie, il se contente d’agréger l’offre de plus de 100’000 revendeurs tiers, essentiellement chinois. C’est dire que le bazar est basé sur l’exploitation éhontée d’une main d’œuvre misérablement payée et traitée. Une forme d’esclavage moderne.
Ce qui ne dérange pas le consommateur alléché par les prix cassés. Il sait qu’il reçoit de la camelote, peu importe, il la jettera vite et passera une nouvelle commande. Les Verts qui nous font la morale sur tant d’aspects de notre vie quotidienne ne se sont guère émus de cette foire insensée. Sinon Greenpeace qui, en 2022, a analysé 47 habits offerts par Shein et y a trouvé des produits chimiques dangereux dans un tiers d’entre eux...
Le Parlement français promet une loi qui devrait limiter l’ultra fast fashion, instaurer un malus sur les produits les plus néfastes à l’environnement. Ce qui n’empêche pas de dormir les ogres chinois. En tout cas ils n’ont rien à craindre en Suisse où la liberté du commerce est sacro-sainte.
Si l’éthique ne modère guère vos pulsions d’achats, pensez au moins aux mauvaises surprises. Test fait. Commandé un outil technologique assez pointu pour l’analyse de l’eau, trois fois moins cher qu’ailleurs. Il est arrivé après six semaines… avec un droit de douane à payer en plus! Et le machin fonctionne mal. Déjà à la poubelle. Quant au droit de retour promis par Temu, pas essayé. Mais bonne chance!
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@Chan clear 26.05.2024 | 17h00
«C’est choquant que malgré tout ce que les informations diffusent sur le commerce en ligne les conditions de travail, la fermeture des boutiques ci même en Suisse et en Europe les gens continuent à commander sur le net et se faire livrer les paquets dans la cage d’escalier . Cage d’escalier ou souvent figure un mot qui demande de restituer le paquet livré et qui a déjà disparu.
Un puce éléctronique peut localiser ces paquets, ce qu’on oublie c’est que chaque puce est liée à un wifi..donc un satelite tout là haut dans le ciel…tout ça pourquoi? Un jour un gouvernement, on le souhaite, montera l’exemple en surtaxant la vente en ligne afin d’encourager les gens à se bouger de leur canapé et freiner cette habitude qui nous enfonce tous de plus en plus ….»
@Erwan 27.05.2024 | 14h11
«Quand on voit le prix d'un câble usb ou hdmi dans les commerces classiques et que exactement le même câble se trouve 5 à 10x moins cher sur un site web chinois, on se dit que les marges que prennent nos chers distributeurs historiques sont clairement exagérées. Et c'est pareil pour beaucoup de petit matériel pas très compliqué et de toute façon fabriqué en Chine.»