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A vif / Ce Suisse parmi les penseurs les plus influents


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Dans son numéro de janvier 2019, «Le Nouveau Magazine Littéraire», que dirige Nicolas Domenach, établit le palmarès des «35 penseurs qui influencent le monde. Pour le meilleur et pour le pire.» Un aréopage d’intellectuels éminents, hommes et femmes, issus des cinq continents, qui «apportent des concepts nouveaux», opèrent des «renversements de perspective». Qui, tous à leur manière, sont des «défricheurs du futur». Parmi eux figure en bonne place un Suisse romand, le théologien protestant Pierre Gisel.



Né en 1947 à Genève, Pierre Gisel est professeur honoraire à la Faculté de théologie et de sciences des religions de l’Université de Lausanne. Editeur de l’Encyclopédie du protestantisme (PUF, 2006), il est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages, dont notamment Qu’est-ce qu’une religion? (Vrin, 2007) et Du religieux, du théologique et du social (Cerf, 2012). Nous nous connaissons bien, lui et moi: j’ai eu le privilège d’être son assistant au tout début de sa carrière académique et, depuis, nous sommes demeurés en relation. Comme l’écrit l’auteur du dossier du Nouveau Magazine Littéraire, Patrice Bollon, «s’il n’est pas le théologien le plus célèbre au monde, le Suisse Pierre Gisel pourrait bien être le plus lucide.»

Ce qui caractérise sa pensée, c’est sa constante ouverture et son irrépressible curiosité qui l’ont poussé – et continuent de le pousser – à s’intéresser aux phénomènes religieux contemporains dans leurs multiples formes et expressions. Et, pour ce faire, de s’appuyer tant sur l’histoire de la théologie et du christianisme que sur celle des idées, de recourir aussi bien à la sociologie qu’à la philosophie. Mais dans une approche qui se veut toujours critique.

Les constellations du religieux

Ce à quoi nous incite Pierre Gisel, c’est à un radical décentrement. A dépasser nos certitudes les plus ancrées, à se défaire des représentations héritées de notre culture judéo-chrétienne pour aborder de manière neuve l’actuelle «montée des religions» à laquelle nous sommes confrontés. En particulier la résurgence de l’islam, mais pas seulement. Plus globalement, tous les déplacements du religieux et du croire – ce qui n’est pas la même chose – qui se laissent repérer au cœur du champ socioculturel contemporain.

A côté de Pierre Gisel, rangé dans la catégorie des penseurs critiques, on trouve également la philosophe et sociologue indienne Gayatri Spivak, disciple de Gramsci, qui s’est penchée sur le statut des paysannes indiennes, ou encore l’Américaine Judith Butler, auteure du fameux Trouble dans le genre. Dans la catégorie des «Fondamentaux» figure notamment l’Australien Steve Keen, «l’économiste ayant prédit avec le plus de précision la crise financière de 2008.» Enfin, parmi les «Activistes idéologues et publicistes», le magazine français a retenu l’anti-intellectuel américain Steve Bannon et – il fallait bien ça – le philosophe Alain Badiou.

Le Nouveau Magazine Littéraire, janvier 2019/No 13

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