A vif / A Iquitos avec Claudia Cardinale
On peut l’admirer dans «Il était une fois dans l’Ouest». On peut la trouver sublime dans le «Guépard». Mais pour moi Claudia Cardinale, décédée le 23 septembre, restera toujours attachée à la ville péruvienne où j’ai assisté, par hasard et assis près d’elle, à la présentation du film «Fitzcarraldo».
En mai 1983, au milieu de ma descente de l’Amazone, je me trouvais dans la ville péruvienne d’Iquitos à la recherche d’un bateau pour Leticia ou Benjamin Constant quand mon hôte m’annonça l’arrivée en ville du réalisateur Werner Herzog et de l’actrice Claudia Cardinale.
J’étais dans un piteux état. J’arrivais de Pucallpa, plus haut sur le rio Ucayali, et la veille j’avais dû d’urgence me faire enlever une dent infectée. Le taxi qui m’amenait chez le dentiste, ou l’arracheur de dents, comme on voudra, avait dû s’arrêter pour laisser passer un gros anaconda qui traversait la route sans se presser… Iquitos n’était encore qu’une ville modeste, enclavée dans la selva, qui vivait chichement autour de son port de Belen et qui n’était reliée au monde que par son petit aéroport depuis que le boom du caoutchouc était retombé.
Klaus Kinski, l’acteur principal, n’était pas là mais les deux stars étaient descendues en ville pour présenter à la population «Fitzcarraldo», qui avait été tourné dans la région l’année précédente. Le cinéma de la ville était bondé et, par hasard, je me suis retrouvé assis sur le siège voisin de Werner Herzog, pas très loin de la grande actrice.
J’ai découvert le film en même temps que les habitants d’Iquitos. Je me souviens d’une ambiance survoltée, avec un public hystérique qui saluait à grands cris non pas la star, mais chacune de ses propres apparitions à l’écran. La salle était en effet remplie de figurants, à qui cette séance était consacrée, et qui manifestaient et commentaient bruyamment leurs prestations – la scène du hissage du bateau sur la colline fut accueillie avec des cris hystériques – sans tenir compte ni du jeu des acteurs vedettes, ni de la mise en scène, ni des autres qualités cinématographiques du film.
A la fin de la projection, Werner Herzog se leva pour remercier le public. Claudia Cardinale resta muette.
Mais je me suis toujours demandé comment elle avait apprécié cette séance. Boudant les journalistes qui cherchaient à l’interviewer, elle fit cet unique commentaire à la revue Caretas, à qui elle avoua «se sentir comme ensorcelée par cette terre humide et chaude et par les femmes couleur cannelle qui dansent sur le chemin»…
Au fond, il n’y a rien à rajouter.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
2 Commentaires
@miwy 26.09.2025 | 07h53
«Remarquable ! L'art de parler de soi enrobé dans une anecdote sans intérêt. Alors que Claudia Cardinale est mentionnée à deux reprises, Guy Mettan nous colle une bonne dizaine de "je" et "moi" ! Le jour où M. Poutine décédera, aurons- nous droit à une photo de M. Mettan, un téléphone à l'oreille, avec comme légende "Hier encore, je m'entretenais avec Vladimir !"»
@guy.mettan 26.09.2025 | 11h17
«C’est petit, c’est mesquin, ça vise bas et ça n’apporte aucune valeur ajoutée au propos, c’est du Michaël Wyler pur sucre! Mais on l’aime bien quand même. Sans son acidité, écrire n’aurait pas la même saveur…»