Bande dessinée / Entre SF, horreur et polar
«Electric Miles», Fabien Nury, Brüno et Laurence Croix, Editions Glénat, 104 pages.
En décembre 1948, Morris Millman, qui est agent littéraire, croise dans une librairie dédiée aux comics un des ses auteurs préférés, Wilbur H. Arbogast, lequel a publié de nombreuses nouvelles dans le magazine pulp Outstanding avant de se retirer de la circulation. Arbogast n’est plus que l’ombre de lui-même mais Millman lui demande s’il n’a pas sous le coude quelque chose qui serait bon à être publié. Et bien sûr, l’auteur a un texte, sauf que celui-ci rend fou tous ceux qui le lisent, les pousse au suicide. Entre SF, ésotérisme, polar et horreur, cette bande dessinée est tout à fait distrayante et sa mise en couleur, par Laurence Croix, est impeccable. Le scénario de Fabien Nury est bien construit. Les dessins de Brüno, eux, présentent des personnages qu’on dirait de cire; une fois qu’on s’y habitue, cela augmente l’ambiance fantomatique du récit. Wilbur H. Arbogast ne veut pas juste publier un livre, il veut créer une nouvelle religion, devenir le maître du monde – il y a du Ron Hubbard, l’inventeur de la scientologie, en lui. L’épouse de Morris Millman, Iris, non seulement ne meurt pas en lisant son manuscrit mais en plus devient convaincue qu’il s’agit d’un génie, d’un prophète. Elle explique à qui veut l’entendre la théorie d’Arbogast: notre esprit est entravé par des négatrons et la psychogénie, son invention, élimine ces blocages en les révélant à la conscience. A la fin de ce premier volume, l’auteur offre une séance psychanalytico-hypnotique à Iris – le meilleur moment de la BD – qui la bouleverse. «Est-ce que j’aurai droit à une autre séance?», demande-t-elle à Arbogast. «Avec plaisir», lui répond celui-ci, et on se réjouit de découvrir la suite dans un prochain volume.
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