Bande dessinée / Non, le patriarcat n’est pas en voie de disparition
«L’arnaque des nouveaux pères», Stéphane Jourdain, Guillaume Daudin, Antoine Grimée, Editions Glénat, 184 pages.
Il est de bon ton, au sein de la petite bourgeoisie occidentale, de prétendre que les choses changent – pour le meilleur ou pour le pire selon les chapelles –, que le patriarcat est mis à mal, attaqué de toutes parts, en voie de disparition. L’enquête menée par les journalistes Stéphane Jourdin et Guillaume Daudin montre que ce n’est pas le cas, notamment pour ce qui concerne la paternité. Certes, on en voit de ces «nouveaux pères», affublés d’un porte bébé, faisant les courses au marché ou préparant, très fiers, les biberons de leur progéniture. Mais les deux journalistes ne se sont pas contentés d’examiner à la loupe leurs propres comportements paternels, ils ont rencontré des coachs en paternité, des spécialistes, des chercheurs, des chercheuses, des autrices, des activistes, des responsables publics… Le résultat est incontestable: si une révolution est en devenir, elle n’a pour l’instant que peu d’effets. En matière de soins aux enfants, la charge mentale – ce qui fait qu’on pense aux choses, qu’on s’assure qu’elles se font – continue de peser d’abord sur les mères. Ce sont par exemple elles qui prennent majoritairement rendez-vous chez le pédiatre, qui font la liste des vêtements à mettre dans la petite valise, etc. Sans oublier les tâches ménagères et l’abandon ou la mise en veilleuse de la carrière professionnelle. A ce propos, beaucoup d’hommes ne prennent pas les congés paternité auxquels ils ont droit. Les nouveaux pères aiment surtout s’occuper des choses valorisantes ou distrayantes, comme jouer avec les enfants, faire des loisirs avec eux, continuant de laisser aux mères la responsabilité du reste. Oui, les choses ont un peu changé, surtout dans la petite bourgeoisie de gauche, mais l’idée qu’il serait «naturel» que ce soit aux mères de s’occuper des enfants reste bien ancrée, gravée dans le marbre des tables de la loi des hommes. Il ne fait aucun doute que le patriarcat a encore de beaux jours devant lui. Que cela nous désole ou que cela nous réjouisse, il faut avoir la lucidité de l’admettre.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@simone 17.05.2025 | 19h20
«Vous avez raison, mais je n'appellerai pas cela du patriarcat, mais simplement de la logique. Il est souhaitable que les pères puissent consacrer plus de temps à (leurs) enfants, mais on ne saurait ignorer que le fait de l'avoir porté et senti vivre en soi pendant 9 mois joue un rôle fondamental pour les femmes. La nature n'est pas si mal faite!»