Culture / Une archéologie métaphysique
«Sapiens nu», Ludovic Slimak, Editions Odile Jacob, 352 pages.
Ludovic Slimak est un des meilleurs spécialistes au monde des sociétés néandertaliennes. Il a ainsi notamment publié Néandertal nu et Le Dernier Néandertalien. Aujourd’hui, il s’intéresse à Sapiens – c’est-à-dire nous –, la seule espèce humaine toujours présente après avoir cohabité avec d’autres. Sapiens est apparu il y a environ 300 000 ans – Néandertal a disparu il y a environ 30 000 ans, l’homme de Denisova il y a entre 30 000 et 15 000 ans –, en Afrique. Mais c’est il y a 70 000 ans que pour notre espèce les choses s’accélèrent: technologies, arts, constructions sociales. Pourquoi cette accélération? Que savons-nous réellement de nous et de notre rapport au monde? Ces questions, Ludovic Slimak les aborde en archéologue, certes, mais aussi en philosophe, en penseur. Il fait de l’archéologie métaphysique. Un de nos travers, explique-t-il, est bien souvent de ne pas concevoir – percevoir – d’autres intelligences que la nôtre. Et ça limite diablement nos possibilités de compréhension. «Evaluant notre intelligence à l’aide de notre propre intelligence, la perception de nos limites nous est à jamais interdite.» Ce livre formidable parle de nos servitudes inconscientes, de notre désir de nous conformer, de l’art, de l’intelligence artificielle… «Sapiens est particulièrement fort pour se mettre en situation d’effacer la réalité du monde et feindre de se libérer du joug de l’existence tangible.» C’est surtout un hymne à la liberté et à l’imaginaire. Et aux rêves. «L’humain n’est rien d’autre que ses imaginaires. Il est ce qu’il décide d’être. (…) Tout le monde meurt, sans que nos rêves n’en meurent.»
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