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Culture

Culture / Un road movie tragi-comique, et bien plus encore


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«Riverboom», Claude Baechtold, intermezzo Films, 1h39.



Ce n’est pas un film sur le journalisme − ou alors un peu, par la bande – et c’est tant mieux. C’est un documentaire, sans doute, il n’y a pas d’acteurs, c’est tourné sur le vif, ça relate des événements réels. C’est une comédie, on rit beaucoup. Mais comme on a parfois les larmes aux yeux, faut-il aussi dire que c’est une tragédie? C’est un road movie, oui, l’histoire d’un voyage en Afghanistan en 2002. Riverboom résiste au classement dans un genre ou l’autre et c’est une de ses grandes qualités. C’est presque par hasard que Claude Baechtold accompagne le journaliste suisse Serge Michel et le photographe italien Paolo Woods sur les routes afghanes, un an après les attentats du 11 septembre 2001, alors que les Américains ont débarqué à Kaboul pour faire la chasse à Oussama Ben Laden et ses affidés. Claude est alors un jeune typographe, en deuil de ses parents morts dans un accident de voiture. Après avoir rejoint Kaboul en voiture depuis Vevey avec Serge Michel et ne pouvant rentrer en Suisse faute d’avion, il achète une caméra au bazar et monte sur la banquette arrière de la voiture qui va conduire le journaliste et le photographe, ainsi que leur interprète, sur les routes périlleuses d’un pays où règne une Pax Americana pas vraiment pacifique. Mais ce n’est pas un film sur la guerre. Lors de la projection inaugurant la diffusion du film dans les salles suisses, le réalisateur auquel un journaliste demandait son avis sur la situation politique en Afghanistan a déclaré: «Je ne juge pas les pays et les gens qui y habitent. Lors de ce voyage, nous n’avons sauvé personne en Afghanistan, c’est l’Afghanistan qui nous a sauvés.» Riverboom est un film extra, avec beaucoup d’humour et d’auto-dérision. C’est un film qui ne fait pas la leçon, qui ne se prend pas au sérieux, du coup on le prend très au sérieux. Il montre des trajectoires se croisant, s’éloignant, se rapprochant, des agencements, des relations aux autres, à soi-même, à la réalité et aux rêves. A peine sorti de la séance, on a envie de le revoir encore une fois.


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