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Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / «C’est l’imperfection présente qui fait avancer»


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«Décevoir est un plaisir», Laurent de Sutter, Presses Universitaires de France, 144 pages.



Laurent de Sutter est philosophe. Pas philosophe médiatique comme les Onfray, Comte-Sponville et autres Finkielkraut qui viennent donner leur avis sur tout et sur rien sur les plateaux de TV. Laurent de Sutter construit des concepts, il est un peu deleuzien; d’ailleurs, le titre de son dernier livre est une phrase de Gilles Deleuze. Le sous-titre est Pour en finir avec les attentes. Cet ouvrage est le numéro 3 de la série «Propositions» du philosophe. C’est provoquant, ça revivifie la pensée. Ce n’est pas une lecture facile, elle demande de la concentration puis du lâcher prise; elle demande d’aimer le danger intellectuel – Laurent de Sutter a écrit en 2022, déjà aux PUF, Eloge du danger, qui était la Proposition 2, suivant la Proposition 1 Pour en finir avec soi-même; elle demande, la lecture de ce livre, d’accepter, voire d’aimer, penser contre soi-même. «Décevoir, c’est remettre le monde en branle». Contrairement aux philosophes cités plus haut, Laurent de Sutter ne fait ni dans le commentaire ni dans l’opinion. Attention, c’est aussi étourdissant que de l’alcool fort: «Si ce qu’on attend se produit exactement comme on l’attend, alors cela signifie qu’il ne s’agissait pas vraiment d’attente, mais plutôt d’une forme de projection prophétique dans le futur, qui en annulerait le caractère inconditionnel au profit de sa détermination absolue.» Ça vous a plu, vous en demandez encore? «Décevoir est ce qui permet de redonner au dehors qui hante toute chose, et rend impossible sa perfection (au sens de son bouclage fini sur elle-même), son importance dans le mouvement de l’imperfection comme telle. Car c’est l’imperfection présente qui fait avancer; c’est elle qui ne cesse de décevoir les espérances futures au profit du réel de ce qu’il y a; c’est elle qui constitue le moteur de l’orientation par laquelle elle se dépasse en tant que telle.» La philosophie de Laurent de Sutter enivre.

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