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Culture

Culture / Kafka, insecte et géant

Marie Céhère

5 juillet 2024

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«Kafka métamorphosé», Christine Lecerf et Anne Perez-Franchini, France Culture, «Les grandes traversées», 5 épisodes de 55 minutes.



Il y a cent ans, dans un sanatorium de Kierling en Autriche, Franz Kafka succombait à la tuberculose pulmonaire à l’âge de quarante ans à peine. Il est peu dire que ces cinq heures d’émission radiophonique ne suffisent pas à saisir l’entièreté du personnage, entrevoir le fond de son œuvre, et c’est tant mieux. «On commentera Kafka jusqu’à la fin des temps», se réjouit l’un des experts invités. Néanmoins cette «Grande traversée» – un format de grande qualité et qui prend le temps du texte – consacrée à l’auteur de la Métamorphose est un bonheur d’écoute et de voyage. On y a la grande joie d’entendre lire Kafka dans un français teinté d’un accent allemand de Bohème, on y perçoit la rumeur de l’ancienne Prague, l’habillage sonore minutieux accompagne et porte les mots, les thèmes, l’angoisse de K ou de Gregor Samsa. Car de l'œuvre de Kafka se dégagent bien des thèmes, des obsessions. Celui des pères et des fils, inscrit en Franz, l’enfant chétif aux pattes d’insecte, avec tant de douleur; celui de la bureaucratie, dont il a connu et su transcender les rouages avec un cruel humour. On évoque les nuits de feu où Kafka épuisé déjà par la maladie écrivait ses récits d’une traite. On rappelle combien ce beau garçon timide a aimé les femmes et en a été aimé en retour: Felice, Milena, Dora... Sans jamais accepter de se marier. Combien, aussi, il était joyeux, vif, aimant le soleil, la baignade et les enfants. A l’orée des années 1920, Kafka est rendu à sa judéité familiale par l’antisémitisme grondant en Europe. Son ami Max Brod lui rendra sans doute justice en emportant plus tard ses manuscrits en Palestine, par le dernier train... Tout, dans la vie de Kafka comme dans son œuvre, est un infini corridor semé de portes, qui ouvrent sur d’autres portes, qui ouvrent sur d’autres portes, derrière lesquelles des bestioles terrifiantes, des fonctionnaires aphasiques, des chevaux enragés et des bourreaux mécaniques attendent leurs lecteurs, jusqu’à la fin des temps.

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