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Culture

Culture / Le coût humain de l'agriculture européenne


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«Fruits amers: l’exploitation des saisonniers agricoles», Berlin Producers Media, sur arte.tv jusqu’au 19 juin 2024, 85 minutes.



Nous avons tous vu ces publicités. Des agriculteurs souriants posent dans leurs exploitations et montrent fièrement le fruit de leur labeur, de quoi convaincre le consommateur d’opter pour ces produits apparemment vertueux. La réalité est loin de cette image. En Europe, plus d’un million de migrants clandestins travaillent à la cueillette et à la récolte, suivant les saisons. L’agriculture européenne ne pourrait pas fonctionner sans eux. Ce sont les Pakistanais qui ramassent les olives grecques de Kalamata; les migrants d’Afrique subsaharienne qui récoltent les oranges italiennes; les jeunes Népalais rêvant de venir cueillir des myrtilles au Portugal; les travailleuses contractuelles marocaines qui s’agenouillent dans les serres et ramassent les fraises qui nous tentent sur les étals des supermarchés, les Roumaines en quête d’une vie plus confortable venues travailler sur les exploitations allemandes. Leur statut précaire les expose à des conditions de travail et de vie inhumaines: payés moins que le salaire minimum et à la tâche, logés dans des cabanes sans eau courante ni électricité, dépourvus de contrat de travail donc de statut légal pouvant les protéger en cas d’accident ou de maladie, exposées à des chantages et des agressions sexuelles pour les femmes... Les agriculteurs n’y ont pas forcément recours par plaisir: le marché est tel, la pression des distributeurs et des supermarchés est si puissante, que pour ne pas vendre à perte, il faut économiser sur le coût du travail. Que faire? Au plan politique, les agriculteurs aimeraient un statut légal pour cette forme d’immigration du travail: offrir un titre de séjour à ces personnes qui viennent de loin pour faire le travail que l’on ne veut plus faire. Avant tout, c’est à nous de nous remonter les manches. Les fruits ne tombent pas du ciel emballés en barquettes. En attendant, un jour peut-être, de mettre à bas le système de la grande distribution, nous consommateurs devons comprendre que les fruits et les légumes à bas prix ont un coût humain démesuré.

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

1 Commentaire

@Chan clear 06.06.2024 | 15h49

«Entièrement d’accord sur votre article.
»