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Culture

Culture / Le poids de l'attachement

Marie Céhère

26 avril 2024

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«Mon petit renne» («Baby reindeer»), Richard Gadd, sur Netflix, 7 épisodes de 40 minutes.



Mon petit renne est la série du moment, et une série qu’il convient aussi de recommander avec précautions, tant elle reste longtemps à vous hanter. Des scènes crues, des situations inquiétantes, une réflexion profonde et dérangeante sur le viol, l’emprise et les mécanismes d'adaptation, tout cela creuse loin. Le «petit renne», l’explication sera donnée en toute fin du dernier épisode, c’est un jeune humoriste un peu raté et barman dans la vie, Donny, arrivé à Londres depuis l’Ecosse pour tenter de se faire un nom. Un jour, Martha, une grosse dame mal fagotée débarque dans le pub où il travaille, elle pleure, semble bouleversée, il lui offre une tasse de thé, sa vie devient un enfer. Donny observe que Martha lui voue un attachement malsain, qui se change en véritable harcèlement qu’il finit par se résoudre à dénoncer à la police. Mais, surprise ou non, cela ne règle en rien les insomnies, les angoisses, les incertitudes de Donny. Cette histoire est véritablement arrivée à son créateur, Richard Gadd, qui interprète également le personnage principal. Etonnant tour de force, d’un acteur auteur qui se dédouble et donne son histoire à la fiction pour la rendre plus universelle. Quant à Jessica Gunning, elle est, dans le rôle de Martha, aussi attachante qu'effrayante. Il ne faudrait pas voir cette histoire de «stalking» comme un thriller, ce qu’elle est aussi, mais comme une leçon de psychologie grandeur nature. Pourquoi Donny est-il si indulgent avec la femme qui le harcèle? Dans ce qui est, selon Gadd, la scène la plus honnête de la série, on le voit se confronter à son ancien agresseur sexuel... et partager avec lui une tasse de thé. «Le viol abîme», dit Donny dans une rare confession. «La maltraitance laisse une empreinte» a expliqué Richard Gadd, et souvent, cruellement, c’est d’abord celle de l’attachement. 

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