Culture

La sixième saison de la désormais culte série autour de la monarchie britannique confirme l’intuition que nous avions eue lors des précédentes sorties: plus le temps passe, plus nous nous rapprochons du présent, et plus ce présent parait désenchanté. Les tabloïds remplacent les livres d'histoire. Cette saison, bien sûr, narre ce qui est déjà, aussi, de l’histoire: l’accident qui fut fatal à la princesse Diana et à Dodi Al-Fayed sous le pont de l’Alma; la volonté du prince Charles d’imposer au public et à la reine sa dame de cœur, Camilla; l’ascension fulgurante de Tony Blair. C’est dans l’épisode 6 de cette saison que se joue le moment le plus important, peut-être de la totalité de la série. Fort de ses excellents scores dans les sondages, Blair se sent pousser des ailes. La reine souhaite en profiter pour redorer le blason de la famille royale, et lui demande conseil. Alors, Blair énumère ce qui lui apparaît comme des postes inutiles, sources de dépenses somptuaires qui ne sont plus de saison à l’aube du XXIème siècle. On voit ainsi défiler le gardien des cygnes, la distributrice de fleurs de la reine, le guide de la traversée des sables, ou encore l’astronome royal, le cornemusier du souverain, l'homme chargé de plier les serviettes de lin, et l’intendant du lit royal. Ces postes et ces titres sont transmis de générations en générations, parfois au sein de mêmes familles depuis des siècles, explique la reine. Et la souveraine de montrer en quoi la Couronne se doit d’être au-dessus du lot, au-dessus du commun et au-delà des mortels. Personne, dit-elle, ne voudrait retrouver à Buckingham Palace ce qu’il voit tous les jours dans sa cuisine. La monarchie a pour devoir d’élever ses sujets à la transcendance, la tradition est le «véhicule de la continuité», bref, «la modernité n’est pas toujours la réponse». Blair s'avoue vaincu. Une leçon de permanence et de hauteur.