Culture

Les Cahiers Dessinés poursuivent la publication des œuvres de Guido Buzzelli, alléluia! Dans cette histoire de 1973-1974, le dessinateur et son scénariste décrivent un monde «d’après». Hors la mégapole futuriste où règne une sorte de dictature technologiste, des hommes tentent de vivre librement dans des paysages qui pourraient être ceux d’un western. Ils montent d’ailleurs tous à cheval, un animal que Buzzelli aime particulièrement dessiner. HP en est un, de cheval, particulièrement rapide et qui apparaît soudain dans le paysage, de l’huile coulant de ses nasaux. La bande de Mâchoire, sorte de cour des Miracles, veut le capturer pour en user dans les rapines indispensables à leur survie. Mais personne n’arrive à monter HP, sauf Homme-Libre. Avec virtuosité, Buzzelli crée un monde tout à la fois futuriste et archaïque, un monde dans lequel, à son habitude, il se met lui-même en scène comme figurant. Qui veut aller au-delà du récit a le choix entre plusieurs interprétations possibles. Que représente HP, le cheval qui fonce dans la plaine? L’art que Buzzelli poursuit dessin après dessin? La marchandise dans laquelle les hommes placent tous leurs rêves? La liberté confisquée puis travestie par ceux qui dirigent le monde? Cinquante ans après sa création, cette bande dessinée conserve toute sa puissance, comme l’entier de l’œuvre de Buzzelli, dont les dessins ornent les murs de la caverne dans laquelle nous cherchons à la lueur d’une modeste torche le chemin à prendre pour en sortir.