Culture / Attention, ce livre est un cocktail molotov
«Jeudi», Eden Levin, Editions Noir sur Blanc, 336 pages.
Formidable, insolent, pertinent, postmoderne! Trois étudiants en arts du spectacle fondent un collectif nommé Jeudi. Ils souhaitent créer des spectacles «engagés»; c’est un échec, alors ils décident de «faire la révolution». Sauf qu’ils se trouvent confrontés à un autre collectif de théâtre qui lui aussi veut s’engager dans la lutte armée. Se sentant concurrents, les deux groupes vont s’affronter violement, à mort. Il s’agit du premier roman d’Eden Levin, qui a lui-même suivi une licence de théâtre à Paris et un master de création littéraire. Il parle du monde qu’il connait mais par quel miracle le fait-il sans nombrilisme? Par quelle grâce devrait-on dire tant il y en a dans ce livre, surtout lorsque la violence explose. C’est notamment dans sa structure que Jeudi est épatant. Plusieurs styles la composent, au service de fonctions: l’époque et la réalité occidentale sont forées, labourées, fouillées, exposées soudain au grand jour. On y est nus. Le chapitre intitulé Pourquoi nous brûlons les voitures est un manifeste qui n’appelle pas des militants mais des êtres vivants: «Nous les brûlons car elles sont le symbole de l’emprise totale acquise sur nos corps par ce que nos maîtres appellent progrès. Nous les brûlons parce que le genre humain ne se laissera pas mourir sans chant du cygne.» In girum imus nocte et consumimur igni.
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