Culture / Se confronter à la détresse
«Fatrasie», Brigitte Fontaine, Editions Le Tripode, 96 pages.
Ce recueil de poèmes de Brigitte Fontaine a pour exergue des vers de Baudelaire. Entre la chanteuse, comédienne et écrivaine née en 1939 et le fameux poète du XIXème siècle, il y a quelques similitudes. Une forme d’extravagance, d’abord – rappelons qu’il est arrivé à Baudelaire de se teindre les cheveux en vert, un désespoir un peu gore, ensuite. Et du talent, évidement. «Je ne suis pas beaucoup comme les autres», confiait, il y a de nombreuses années, Brigitte Fontaine à un animateur de télévision niais qui avouait qu’elle faisait «un peu peur». «Je fais la gueule, la gueule jusqu’au trognon, jusqu’au siège de cette âme vil agonisante», écrit-elle dans Fatrasie. «Crapule sauvage, pauvre petite fleur fanée, en lambeau dégradés, serviles et révoltés, abandonnée, ça c’est nouveau; (…) moi, oui, moi, l’ex-prodige, l’étron vertigineux, inaperçu, maussadement tragique.» L’autrice est considérée comme une provocatrice. Sans doute est-ce d’abord elle-même qu’elle provoque sans cesse, et puis le bourgeois par ricochet. D’où vient que des artistes comme Charles Baudelaire ou Brigitte Fontaine se montrent ainsi désespérés, désabusés? A quelles promesses ont-ils d’abord cru pour se sentir si profondément floués? Il y a de la détresse chez cette femme. «J’ai envie de pleurer.» Il faut être d’accord de s’y confronter pour lire son livre. De se confronter à la nôtre aussi.
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