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Culture

Culture / L'histoire repasse-t-elle les plats?

Marie Céhère

21 juillet 2023

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«Les Somnambules. Eté 1914. Comment l’Europe a marché vers la guerre», Christopher Clarck, Editions Flammarion / Champs Histoire, 928 pages.



Voilà un livre qu’il est agréable de commencer au début de l’été, d’emporter partout avec soi, sur la plage ou aux terrasses des cafés, de rapporter au fond d’une valise, des souvenirs et du sable entre les pages. Plus de 900 pages consacrées aux causes et aux origines de la Première guerre mondiale, qui eût cru que cela passionnerait un jour les foules du siècle suivant? A moins que l’histoire ne finisse par repasser les plats, quoiqu’en en modifiant un peu la sauce. A sa parution, cette étude monumentale de Christopher Clarke annonçait le centenaire du début de la guerre de 14, la «der des der» (qui ne le fut pas), sur un air de «plus jamais ça». Effectivement, il n’y aura sans doute plus jamais d’héritier du trône d’Autriche-Hongrie, assassiné par un certain Gavrilo Princip, un beau jour de juin à Sarajevo. Mais que dire de l’escalade vers la guerre mondiale, des ultimatums lancés, par un camp et par l’autre, dans les semaines qui suivirent l’événement? Que dire de ce que l’on appelle désormais le jeu des alliances, qui entraîna implacablement, par des traités signés par de hauts personnages, dans de hauts salons, les boucheries de Verdun, du Chemin des Dames, des Dardanelles, de Caporetto? La seule guerre de 1914-1918 a causé la mort de 10 millions de soldats, presque autant de civils, des milliards de dégâts matériels, rasé des villes, des régions entières, redessiné pour des décennies la carte de l’Europe. Sans parler des conflits postérieurs à l'armistice de 1918, qui continuèrent à bouleverser le continent, et des traités de paix, Versailles, Trianon... terreaux de nationalismes revanchards. Le nationalisme, alpha et oméga des grandes catastrophes: en ce sens, l’histoire repasse bel et bien les plats.

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