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Culture

Culture / Sarah la divine


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«Sarah Bernhardt. Et la femme créa la star», Petit Palais, Paris, jusqu’au 27 août 2023.



Disparue il y a cent ans, Sarah Bernhardt, la comédienne la plus célèbre du XIXème siècle, est dans ces salles plus vivante que jamais. On la découvre non pas à la naissance, mais à sa naissance de star. D’abord courtisane dûment enregistrée comme telle par la police des mœurs, elle s’impose comme une muse. Ce sont les hommes qui la propulsent au firmament, le puissant duc de Morny, son ami le peintre Georges Clairin, Alfons Mucha qui s’agenouille aux pieds de «sa reine», toute une cour d’admirateurs qu’elle appelle sa «ménagerie», les plus grands artistes et intellectuels du temps. Ses rôles de Phèdre, Médée, Cléopatre, la Dame aux Camélias, son travestissement pour Lorenzaccio, font d’elle une icône, et inspirent la Berma de la Recherche du temps perdu. La première superstar mondiale. Cette exposition intimiste et grandiose à la fois rend surtout hommage à la femme. Sarah la divine hante ces vitrines: ses chaussures, ses gants, ses robes, ses costumes et ses chapeaux, une partie des meubles de ses appartements, des toiles intimistes, sa collection d’objets «bizarres», la donnent à voir sous un jour plus sombre et complexe que celui de l’éclat de la vedette. On rappelle qu’elle fut aussi sculptrice, peintre, et conspuée pour cela par les hommes du temps, qui trouvaient malséant de cumuler les talents. On la découvre enfin dans sa relation amoureuse avec Louise Abbéma, les portraits respectifs qu’elles ont réalisés l’une de l’autre. En fin de parcours, le «monstre sacré» (selon le mot de Cocteau) redescend de son piédestal, et plus réelle et magnétique que jamais, on la voit jouer aux cartes avec Edmond Rostand, cueillir des bouquets de fleurs et faire une partie de tennis à Belle-Ile. Elle crève l'écran. Depuis un siècle, l’ovation ne faiblit pas, bravo et merci Sarah.

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