Actuel / Ni rose, ni noire, mais verte espérance. L’écologie de Antonio Hodgers
Le 16 mai dernier est sorti en librairie le «Manifeste pour une écologie de l’espoir», par Antonio Hodgers, Conseiller d’Etat de la République et Canton de Genève fraichement réélu. Plutôt plaidoyer que manifeste, ce texte de 35 pages invite à l’élaboration d’un projet d’écologie qui suscite le désir sous la forme d’un nouveau contrat social.
Hodgers essaie de rallier le plus grand nombre à sa cause en présentant l’écologie comme source d’espoir. Il commence par critiquer deux positions extrêmes. D’un côté, les tenants du business as usual, qui pensent que notre système va tranquillement trouver une parade aux problèmes écologiques. De l’autre côté, les propos d’une Greta Thunberg et de beaucoup d’autres, qui nous invitent à abandonner tout espoir et à paniquer. Ces visions rose et noire sont renvoyées dos à dos, à la faveur d’une vision verte teintée d’espoir. Il ne suffit pourtant pas de se montrer raisonnable et de dire qu’il ne faut pas s’affoler. Il s’agit justement de trouver la manière pour convaincre que le vert est vraiment la couleur de l’espérance.
Des positions claires
Hodgers énonce clairement son adhésion aux conclusions de la communauté scientifique. Ceci lui sert à balayer la vision rose. Ensuite, il plaide pour un travail au niveau politique, car il pense que les efforts individuels n’auront jamais un impact suffisant. Cela dit, il s’exprime sans ambiguïté contre une dictature et une police écologiques: il est soucieux de préserver la cohésion sociale et défend la démocratie. En effet, il pense que la meilleure garantie pour assurer les libertés individuelles est d’avoir un cadre institutionnel clair.
Un peu de légèreté
Par endroits, le politicien fait preuve d’une certaine légèreté. Ainsi, le fait de relativiser l’impact du réchauffement climatique sur le Plateau suisse est en décalage avec la difficulté à gérer les effets des pluies torrentielles qui viennent de s’abattre sur le nord de l’Italie. De même, saluer le retour de certains mammifères sauvages sans aucun commentaire sur les tensions créées par la diffusion du loup ne plaide pas pour un projet qui se veut inclusif.
Des questions difficiles
Le chemin de l’écologie est semé d’embuches et de contradictions. Certaines apparaissent dans ce court texte. Cela ne doit pas arrêter celles et ceux qui souhaitent aller de l’avant. Hodgers formule des propositions. Retenons-en une: redonner de la valeur au temps libre, plutôt que de se battre pour l’augmentation du pouvoir d’achat. En Suisse plus d’un million de personnes vivent en situation précaire; que penseraient-elles d’une telle proposition? C’est une question difficile, qui montre que nous sommes encore loin d’avoir un récit écologique populaire et enviable. Il y a d’ailleurs ceux qui pensent que l’écologie ne peut pas être un consensus.
VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET
1 Commentaire
@Richard Golay 30.05.2023 | 12h38
«Désolé, mais cet article est un travail bâclé. L'affirmation de "légèreté" dans les propos de Hodgers est un bon exemple d'inversion accusatoire. Je recommande ce manifeste à toute personne qui a conscience que pour agir politiquement avec succès dans une démocratie, il faut convaincre le plus grand nombre plutôt que d'avoir raison tout seul.»