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Culture

Culture / Agata, Lucia, Rosalia et une sainte colère


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«Madones et putains», Nine Antico, Editions Dupuis - Aire Libre, 144 pages.



Cette épatante bande dessinée – oui, épatante: elle provoque en nous tout à la fois un étrange malaise, le sentiment familier de certains cauchemars, une profonde empathie pour les personnages et des émotions esthétiques – cette épatante BD, donc, raconte l’histoire de trois femmes, vivant dans le Sud de l’Italie au XXème siècle. Trois destins inspirés de personnages ayant réellement existé. Agata se retrouve dans un sanatorium, sur l’île de Stromboli, où son père la tient éloignée des remous provoqués par l’assassinat de sa mère par l’amant de celle-ci. Lucia vit à Naples, durant la Seconde guerre mondiale, alors que la ville est libérée par les soldats américains; elle est surprise avec un fuyard allemand, tondue et mise au ban de la société. Rosalia vit sous la protection de la police, à Rome, après avoir témoigné contre des mafieux de son village sicilien; rejetée par sa famille, elle trouve l’affection qui lui manque dans celle du juge antimafia Paolo Borsellino. Trois femmes, trois noms de saintes catholiques, trois tragédies. Tant le scénario que les dessins abordent ces tragédies sans résignation, sans pleurnicheries. Ces trois femmes, sacrifiées par les sociétés dans lesquelles elles vivent, à trois époques différentes, ne sont pas présentées comme des victimes, plutôt comme des martyres. Leurs vies sacrifiées ne suscitent pas une molle indignation bourgeoise, elles soulèvent les cœurs de colère.

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