Culture

Ni le titre, ni le sous-titre – Quand les femmes s’émancipent de l’hétérosexualité –, ni l’image de couverture ne rendent bien compte du propos de Mathilde Ramadier. Ce livre est en fait un encouragement à explorer le désir, à résister aux diktats freudiens, judéo-chrétiens et marchands, lesquels mettent en cage la sexualité des femmes, et de ce fait également celle des hommes. Avec intelligence, l’auteure documente la bisexualité – la sienne et en général. «On peut être bisexuel.le empiriquement, théoriquement, politiquement». Surtout, «la bisexualité réunit ce qui était séparé». A l’opposé d’un dualisme, donc, et à l’opposé d’une essentialisation, il s’agit d’explorer des pratiques. Lesquelles peuvent être multiples, changeantes et créer différents agencements. «La bisexualité permet le brassage, le métissage, le syncrétisme du désir: une perception globale de ce dernier, avant d’entrer dans une analyse méthodique. (…) La bisexualité pourrait être envisagée comme une organisation psychique sans pouvoir. Elle pourrait en quelque sorte incarner le versant anarchiste de la sexualité.» Vivre fluide est un appel à la liberté du désir, à l’«amour libre». Un encouragement à déterritorialiser la sexualité. Aujourd’hui que s’allient les anciens et les néo- moralisateurs – leurs affrontements de pacotille ne font pas illusion – pour empêcher la liberté, ce livre est comme une étincelle entre deux obscurités.