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Culture

Culture / «Cet air si bon des vieilles gens»

Marie Céhère

10 février 2023

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«Le Mur de l’Atlantique», Olivia Resenterra, Editions du Rocher, 169 pages.



C’est un roman qui se lit comme on ouvre un vieux buffet: «Ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires» dans le sonnet de Rimbaud. Olivia Resenterra campe ici une narratrice de retour au «pays», sa région natale de Charente-Maritime. Il fait très chaud, ce sont les vacances, elle roule vers la maison familiale désormais vide et pleine à la fois – de fantômes. En ouvrant les portes, les tiroirs, en foulant les tomettes, en se frayant des chemins dans le jardin, les souvenirs. Ceux de son enfance, et puis des visages: celui de Valentino, le grand-père arrivé d’Italie, et de sa famille, leurs premiers pas en France, les albums de photos. A lire ce récit on voit les visages. La narratrice tient le fil, tout au long du roman: c’est elle qui se souvient, qui raconte, qui imagine pour combler les manques, expliquer une absence sur un cliché familial, déchiffrer une expression, un sourire, un geste. Puis l’écriture qui décortique, creuse et autopsie le passé se souvient presque seule, le présent s’efface, on sent comme un silence se refermer dans ces pages du bord de l'océan, jeux d’enfants et balades à vélo disparus, où même le soleil des grandes vacances n'est plus vraiment le même. Le Mur de l’Atlantique est une nostalgie capturée, en même temps qu’un récit de famille, de déracinements et d’intégrations. Les détails font les souvenirs, les hommes aux visages oubliés font l’histoire.

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