Média indocile – nouvelle formule

Culture

Culture / Autoportrait entre les lignes

Marie Céhère

28 octobre 2022

PARTAGER

«Lignes de vie», Jean-Paul Enthoven, Editions Grasset, 288 pages.



Il raconte qu’au Japon, certains ont recours à de coûteuses opérations de chirurgie pour faire modifier les lignes de leurs mains, et par là leur destin. C’est dans les lignes de ses livres que l’on devine quelle sorte de destin s’est forgé, s’est écrit Jean-Paul Enthoven. Celui-ci n’est ni un journal intime, ni un recueil d’aphorismes ou d’anecdotes, ni une collection de souvenirs. Rien de cela et tout à la fois. Enthoven n’aime pas la grisaille et le cynisme ricanant. A la place, dans ses livres et dans la vie, il s’efforce, comme cet ami qu’il rencontre au Palais-Royal, affolé par le présent des infos, de nous «réconcilier avec la joie de vivre». Pas de «je» autobiographique dans ces rencontres et ces rêves dont on peine à démêler l’original de la chimère, pas de «je» de fiction non plus, bien que quelques histoires soient, de l’aveu de leur auteur, inventées mais si tentantes. Le pacte est contesté, et c'est tant mieux. Ces Lignes de vie dessinent un autoportrait sans égotisme. Il y a des audaces de lettré et des pudeurs de séducteur. Des pages à Casanova, des hommages à Proust, des plages et des dîners en ville. Et ces vérités fusées qu'on jalouse: «Milan Kundera, croisé au carrefour Bac-Raspail, me regarde fixement et déplore: "Toi, tu es toujours en train de vivre..."»

VOS RÉACTIONS SUR LE SUJET

0 Commentaire